Insécurité en Haïti : le Festival PAPJAZZ reporté
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Le Festival International de Jazz de Port-au-Prince, rendez-vous emblématique de la scène culturelle haïtienne, n’aura pas lieu en janvier 2025. La situation sécuritaire alarmante dans la capitale et la suspension des vols ont contraint les organisateurs à reporter l’événement. Une décision lourde de sens pour les amateurs de jazz et de la culture haïtienne.
Port-au-Prince, le 21novembre 2024- La nouvelle, rapportée par le quotidian Le Nouvelliste, et tombée comme un coup de tonnerre. Ce mercredi 20 novembre 2024, Milena Sandler, directrice générale du Festival International de Jazz de Port-au-Prince (PAPJAZZ), a annoncé dans une note officielle le report de l’édition prévue initialement du 15 au 19 janvier 2025.
« La situation sécuritaire actuelle à Port-au-Prince ainsi que la suspension des vols, ne nous donnent pas d’autre option ; la sécurité de nos équipes, artistes, public et partenaires étant notre priorité », peut-on lire dans l’extrait du communiqué relayé par le média susmentionné.
Un coup dur pour le secteur culturel haïtien
Depuis sa création, PAPJAZZ a été bien plus qu’un simple festival, mais une célébration du jazz, une rencontre entre les cultures et un miroir du riche patrimoine musical d’Haïti.
Au fil des années, des artistes de renom comme Dee Dee Bridgewater, Richard Bona, Cécile McLorin Salvant, ou encore des groupes locaux tels que Kreyòl Jazz ont marqué cet événement de leur empreinte.
Les scènes du Karibe, de l’Université Quisqueya ou encore du quartier latin ont vibré sous les notes d’artistes venant des quatre coins du monde.
Mais le PAPJAZZ, c’est aussi une plateforme où les talents locaux comme Buyu Ambroise, Réginald Policard ou les frères Widmaier brillent, offrant une tonalité profondément créole à ce festival qui mêle tradition et modernité.
Une situation qui s’aggrave
Ce report rappelle tristement que la culture en Haïti est de plus en plus étouffée par les crises sécuritaires. Déjà en 2023, l’insécurité avait poussé les organisateurs à déplacer l’événement au Cap-Haïtien.
Cette année encore, la situation à la capitale est chaotique, incapable de garantir un environnement propice à l’expression artistique et à la célébration culturelle.
Milena Sandler, tout en remerciant les fidèles du festival pour leur compréhension, exprime une inquiétude partagée par beaucoup : « Restez prudents ».
Un message lourd de sens dans un pays où la violence gangrène tous les aspects de la vie quotidienne.
Un miroir d’une société en crise
Le report de la 18e édition de PAPJAZZ est symptomatique de la raréfaction de l’espace culturel en Haïti. Alors que le jazz, ce langage universel, s’efforce de transcender les frontières et d’unir les peuples, il est aujourd’hui freiné par une réalité sombre et complexe.
L’incapacité des autorités à instaurer un climat sécuritaire condamne peu à peu les initiatives culturelles, privant le peuple haïtien d’espaces de partage et d’espoir. Cette dégradation ne fait qu’accentuer l’érosion de nos richesses immatérielles et de notre patrimoine.
Wideberlin SENEXANT
Vant Bèf Info (VBI)