La sagesse d’une « analphabète » face à l’insécurité d’un « État complice »

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Par Wandy CHARLES

Dans un pays où le désespoir a pris racine et où la violence est devenue le quotidien des citoyens, les paroles d’une femme, frisant la soixantaine, analphabète, selon ses propres dires, mais d’une lucidité déconcertante, résonnent comme un cri de vérité brut : « Si un gouvernement ne résout pas le problème de l’insécurité, c’est qu’il en est à l’origine. »

Ces mots, jetés avec une simplicité désarmante au micro d’une télévision haïtienne (Island TV), dévoilent une sagesse populaire qui dépasse de loin les discours alambiqués de nos élites politiques et intellectuelles. Car derrière cette phrase se cache une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : l’insécurité qui gangrène notre société n’est pas un accident. Elle est le fruit amer d’une complicité, d’une incompétence ou, pire encore, d’une volonté délibérée de maintenir un chaos profitable à certains.

Les gouvernements qui se sont succédé dans ce pays ont échoué, non pas faute de moyens, mais faute de volonté. Combien de fois avons-nous entendu des promesses de rétablir la sécurité, de désarmer les gangs, de ramener l’ordre ? Et pourtant, la violence s’étend, les citoyens tombent sous les balles, et les assassins circulent en toute impunité. Devant ce constat, il n’est plus possible de parler simplement d’incompétence ; c’est une véritable abdication des responsabilités de l’État.

Ce n’est pas une coïncidence si les zones les plus touchées par l’insécurité sont souvent celles où l’État est le plus absent. Ce n’est pas un hasard si les groupes armés semblent jouir d’une liberté d’action que même les forces de l’ordre n’ont pas. La dame de soixante ans, que certains pourraient mépriser à cause de son illettrisme, a mis le doigt sur une vérité que beaucoup d’analystes évitent : l’insécurité est un outil de contrôle, un moyen de maintenir la peur et de détourner l’attention des véritables enjeux.

Ces propos sont un miroir que nos dirigeants devraient avoir le courage de regarder. Lorsque les citoyens les plus simples commencent à percevoir l’État comme un acteur de l’insécurité, c’est que le contrat social est brisé. Dans une démocratie, le rôle fondamental du gouvernement est de garantir la sécurité de ses citoyens. Lorsque cet engagement n’est pas respecté, l’État cesse d’être un protecteur pour devenir un oppresseur par omission ou par complicité.

Il est temps que nos dirigeants entendent ces paroles et agissent, non pour apaiser les critiques, mais pour restaurer un minimum de dignité à une population exsangue. Il est temps d’arrêter les discours creux et d’adopter des mesures concrètes pour désarmer les gangs, restaurer l’autorité de l’État et protéger les citoyens. L’insécurité n’est pas une fatalité ; elle est le produit de décisions ou de non-décisions politiques.

Les mots de cette femme devraient être gravés dans les mémoires, non pas comme un simple constat, mais comme un rappel que, dans les moments les plus sombres, c’est souvent dans la voix des plus humbles que se trouve la plus grande vérité. Si ce nouveau gouvernement ne veut pas être considéré comme complice de l’insécurité, il devra prouver qu’il ne l’est pas. Et cela commence maintenant.

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