Le franco-algérien Kamel Daoud remporte le prix Goncourt 2024 pour son roman « Houris »
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L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud a été couronné ce lundi 4 novembre du prestigieux prix Goncourt pour son roman « Houris », une œuvre qui revisite les années sombres de la « décennie noire » en Algérie. Ce prix consacre son talent littéraire et son courage à traiter des sujets sensibles de son pays d’origine.
Paris, le 4 novembre 2024. Kamel Daoud, écrivain et journaliste franco-algérien, a été désigné lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman « Houris », publié chez Gallimard. Ce choix s’est fait dès le premier tour de scrutin, où Daoud a obtenu six voix contre ses concurrents Hélène Gaudy, Sandrine Collette et Gaël Faye, primé au Renaudot.
Âgé de 54 ans, Daoud a exprimé sa joie lors de l’annonce au restaurant Drouant à Paris, qualifiant cette victoire de « cliché », mais avouant ne pas trouver de meilleurs mots. Ce roman, dont le titre fait référence aux jeunes filles promises au paradis dans la tradition musulmane, raconte l’histoire d’Aube, une femme muette depuis une agression perpétrée par un islamiste à Oran, à la fin de 1999. Le récit suit son parcours de survie et de quête d’identité dans l’Algérie marquée par les violences de la guerre civile des années 1990.
L’Académie Goncourt a salué « Houris » pour son lyrisme et son exploration tragique de cette période de l’histoire algérienne, en particulier des souffrances féminines. Selon Philippe Claudel, membre de l’Académie, l’œuvre trace un chemin de mémoire parallèle au récit historique, soulignant l’importance de la littérature pour témoigner des réalités vécues.
Originaire de Mostaganem, Kamel Daoud, devenu citoyen français, se qualifie comme un « exilé par la force des choses ». Ce statut, associé à ses critiques de la société algérienne, lui vaut une réputation controversée dans son pays, où il est souvent perçu comme un traître par une partie de l’intelligentsia. Toutefois, de nombreux Algériens admirent son audace et son style littéraire, à l’instar de Sofiane Hadjadj, éditeur du roman « Meursault, contre-enquête », une relecture de « L’Étranger » de Camus qui avait valu à Daoud une reconnaissance internationale en 2014.
Kamel Daoud, qui a commencé sa carrière journalistique en Algérie, a couvert les heures sombres de la « décennie noire » au quotidien Le Quotidien d’Oran. Ces années ont forgé sa réputation d’intégrité, en raison de sa dénonciation des travers de la société algérienne : corruption, violence et hypocrisie religieuse. En 2016, après une polémique sur ses propos au sujet de la « misère sexuelle » dans le monde arabo-musulman, il s’est détourné du journalisme pour se consacrer à la littérature.
Aujourd’hui père de deux enfants, il continue d’affirmer sa liberté de pensée, en dépit des critiques et menaces. Son dernier ouvrage, « Houris », est son troisième roman et le premier publié chez Gallimard, confirmant sa place parmi les auteurs majeurs de la scène littéraire contemporaine.
Widberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)
Avec France 24