Haïti: Violence sexuelle dans les camps de déplacés

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Dans les camps d’hébergement de la capitale haïtienne, les soupçons de violences sexuelles se multiplient. Des parents déplorent l’insécurité qui règne dans ces abris provisoires, aggravant une situation déjà précaire. Ils appellent l’État à assumer ses responsabilités et à faciliter leur retour chez eux pour mieux protéger leurs enfants.

Femmes et fillettes en danger

Port-au-Prince, 30 octobre 2024 – Fuyant l’insécurité qui sévit dans les quartiers de Port-au-Prince, de nombreuses familles se réfugient dans des centres d’accueil provisoires. Mais, loin de trouver la sécurité escomptée, les femmes et les enfants, en particulier les fillettes, sont exposés à des risques d’agression sexuelle. L’inquiétude est palpable parmi les réfugiés. Les enfants y vivent dans des conditions difficiles, mal nourris, mal logés, et souvent vulnérables aux abus. La plupart des jeunes filles restent attachées à leur mère, par crainte des dangers, une situation qui pourrait nuire à leur développement personnel.

Des conditions favorisant les agressions

Dans certains camps, comme le lycée des jeunes filles, le ministère de la Communication et la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA), les infrastructures sont inadaptées. Les toilettes et douches, souvent communes, ne sont pas séparées pour les hommes et les femmes. Nombre de ces installations sont dépourvues de portes ou de verrous et manquent d’éclairage la nuit, créant un climat propice aux abus. <<< Les femmes et les filles risquent d’être agressées chaque fois qu’elles se rendent aux toilettes ou prennent une douche », a dénoncé une résidente d’une cinquantaine d’années, souhaitant garder l’anonymat.

Des résidents du centre d’hébergement du lycée des jeunes filles ont souligné que certains jeunes hommes profitent de la vulnérabilité des jeunes filles, qui, en quête de biens matériels comme des téléphones ou des bijoux, sont parfois victimes d’abus, y compris d’agressions collectives.

Parents en détresse

Les parents expriment leur vive inquiétude face à cette situation qu’ils qualifient d’inacceptable. Rachel, qui réside au ministère de la Communication avec sa fille de 11 ans, se dit <<< indignée >> par le manque de respect et de sécurité dans le centre. « Je ne peux pas laisser ma fille jouer seule, car des cas d’agression ont déjà été signalés ici >», déclare-t-elle, critiquant l’inaction des autorités face à ces conditions de vie insalubres et dangereuses.

Impacts dévastateurs de la violence sexuelle

Les séquelles psychologiques pour les victimes sont lourdes. <<< Après ce que j’ai vécu, j’aurais préféré mourir », confie une mère de quatre enfants, violée alors qu’elle dormait dans un camp au bas de Port-au-Prince. Depuis, elle se sent traumatisée, et le moindre bruit provoque en elle une peur panique, lui rappelant ce cauchemar.

Un père raconte que sa fille de 16 ans, récemment agressée, ne supporte plus la compagnie des autres et s’isole. Craignant qu’elle ne tente de se suicider, il reste constamment à ses côtés, espérant qu’une aide psychologique pourra l’empêcher de sombrer. <<< Dieu seul sait ce que je ressens. Je suis là, mais je ne vis plus », déclare-t-il, les larmes aux yeux.

Appel à une action concrète

La majorité de ces déplacés, originaires de Carrefour-Feuilles, lancent un appel pressant à l’État pour que des mesures soient prises afin de leur permettre de rentrer chez eux. Ils espèrent ainsi protéger leurs enfants de ce fléau de violence sexuelle qui sévit dans les camps de la capitale.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)

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