L’obstination à s’accrocher au pouvoir : quand démissionner n’est pas dans notre culture

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Par Wandy CHARLES

En Haïti, la démission semble être un mot banni du vocabulaire politique. Tandis que les scandales se succèdent et que des soupçons de corruption ou des cas avérés gangrènent les institutions, certains dirigeants s’accrochent à leurs postes avec une ténacité désespérée.

Chez nous, la résilience face aux scandales politiques n’a jamais pris la forme d’une vertu. Bien au contraire, elle s’illustre par l’entêtement des dirigeants à se maintenir au pouvoir, même lorsqu’ils sont éclaboussés par des affaires de corruption ou pris dans la tourmente de l’opinion publique. Ce phénomène, qui semble être une norme dans la sphère politique haïtienne, reflète un mépris non dissimulé pour l’éthique, la morale et la transparence.

Dans certaines démocraties qui fonctionnent, le principe de responsabilité oblige quiconque soupçonné de malversations à se retirer temporairement de ses fonctions pour permettre à la justice de faire la lumière. Or, en Haïti, l’acte de démissionner est presque perçu comme une étrangeté. Alors que dans de nombreuses démocraties modernes, l’idée de quitter ses fonctions lorsqu’on est mêlé à un scandale est une évidence. Cette obstination à s’accrocher au pouvoir, au mépris de l’éthique et de la décence, est un phénomène enraciné dans notre culture politique. Pourtant, c’est un acte qui va au-delà du simple devoir civique : c’est une question d’intégrité personnelle et institutionnelle

Lorsque des scandales de corruption éclatent, révélant souvent des détournements de fonds, des abus de pouvoir ou des connivences avec des réseaux criminels, on s’attendrait à voir les responsables concernés se retirer, ne serait-ce que pour préserver l’image de l’institution qu’ils représentent. Pourtant, c’est souvent tout le contraire qui se produit : les dirigeants haïtiens, plutôt que de répondre aux appels à la démission, s’accrochent à leurs postes avec une obstination déconcertante, et ce, sans la moindre gêne.

Cette résistance au départ est non seulement symptomatique d’un échec institutionnel, mais elle envoie également un mauvais message à la population : la corruption n’est pas punissable en Haïti- Peyi a se pou ou kale dada w jan w vle-. Et croyez-moi, les conséquences en sont graves : méfiance envers les institutions de l’État, affaiblissement de la démocratie et perpétuation d’un sentiment d’impunité qui ronge notre société. Comment restaurer la confiance si ceux qui sont en charge de la protéger foulent aux pieds les principes de base de l’honnêteté et de la transparence?

Nous vivons dans une époque où les scandales de corruption se suivent et se ressemblent. Les mêmes figures sont accusées, les mêmes promesses de changement sont faites, mais il n’en est rien. Pendant ce temps, les conditions de vie de la majorité des Haïtiens ne cessent de se détériorer.

Il est grand temps de mettre un terme à cette culture d’impunité. Les dirigeants impliqués dans des affaires de corruption, ou même ceux simplement soupçonnés, doivent se mettre à la disposition de la justice. C’est un impératif non négociable dans une société qui aspire à la démocratie et à la justice sociale. Le peuple haïtien a droit à des dirigeants responsables, capables de rendre des comptes. La moralité doit primer sur la soif de pouvoir.

Vant Bèf Info ( VBI )

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