Les conseillers-présidents accusés de corruption toujours en poste : Haïti en pleine tourmente

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Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin, trois conseillers du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), sont toujours en fonction malgré les graves accusations de corruption qui pèsent sur eux. Ils sont soupçonnés d’avoir exigé un pot-de-vin de 100 millions de gourdes à l’ancien président de la Banque Nationale de Crédit (BNC), Pascal Raoul Pierre Louis, en échange du maintien de ce dernier à son poste.

L’ombre de la corruption plane sur le CPT

Malgré l’ampleur du scandale, les trois conseillers, protégés par la présomption d’innocence, refusent de démissionner. Une attitude qui reflète une tendance profondément ancrée dans la gouvernance haïtienne, où les responsables impliqués dans des dossiers de corruption restent souvent en poste. À ce jour, aucune enquête judiciaire ou administrative n’a été officiellement diligentée pour sanctionner ces hauts dignitaires de l’État.

Ce dossier de corruption ternit l’image du CPT, une institution chargée d’assurer la transition politique du pays dans un contexte de crise multidimensionnelle. Formé en avril 2024, après la démission du Premier ministre Ariel Henry, le CPT, perçu initialement comme un espoir pour une sortie de crise, voit aujourd’hui sa crédibilité ébranler par ces accusations.

Le CPT et la crise persistante en Haïti

Depuis plus de trois ans, Haïti est en proie à une instabilité chronique, passant de gouvernement en gouvernement, et maintenant sous une transition dirigée par neuf membres du CPT. La crise s’aggrave, plongeant la population dans le désarroi, alors que le pouvoir se déchire et que la corruption gangrène les institutions.

Face à ces allégations, la situation devient de plus en plus incertaine pour le CPT. Selon un récent rapport de l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), publié le 2 octobre 2024, l’institution recommande des poursuites judiciaires contre les trois conseillers pour abus de fonction, pots-de-vin et corruption passive. Cependant, aucune décision concrète n’a encore été prise par la justice haïtienne, laissant planer le doute sur l’avenir du conseil.

Un appel à la démission et un système gangréné

Claude Joseph, représentant du parti RED/EDE, a déjà exigé la démission de Smith Augustin, l’un des conseillers accusés, s’apprêtant à le remplacer par un autre membre. Ce scandale s’ajoute à la longue liste de dossiers de corruption qui gangrènent Haïti.

Selon Transparency International, Haïti se classe parmi les pays les plus corrompus des Amériques, juste derrière le Nicaragua. Tandis que la population lutte pour sa survie dans un climat d’insécurité grandissante, les élites politiques continuent de s’accrocher au pouvoir, éloignant encore plus la perspective d’une sortie de crise.

Likenton Joseph
Vant Bèf Info (VBI)