Les activités nocturnes en Haïti au point mort depuis plusieurs années
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L’insécurité qui gangrène la capitale haïtienne depuis des années a plongé les activités nocturnes dans une léthargie profonde. Les rues de Port-au-Prince, autrefois animées en soirée, se vident dès 16 heures. Les déplacements deviennent des entreprises risquées, affectant toutes les couches sociales et par conséquent, les loisirs nocturnes. Vant Bèf Info s’est penché sur cette situation alarmante.
Port-au-Prince, le 20 septembre 2024 – Après 16 heures, les véhicules se font rares et les habitants se cloîtrent chez eux. Les bureaux ferment leurs portes, plongeant la ville dans un silence presque total. « Si les activités diurnes sont paralysées à cause de l’insécurité, on n’a même pas besoin de parler de celles de la nuit », déplore Rubens Avril, propriétaire du Tampa Night-Club à Delmas 32. Autrefois prisé, son établissement n’attire désormais que quelques clients des environs, et souvent, ils ne consomment même pas.
L’exil forcé des artistes
Les musiciens et artistes, eux, sont touchés de plein fouet. Ceux qui le peuvent émigrent vers l’étranger pour poursuivre leur carrière, laissant derrière eux des mélomanes frustrés. Pour les artistes moins influents, l’isolement est de mise, certains se réfugiant dans les provinces pour tenter de continuer à travailler. Cette situation, loin de satisfaire la demande culturelle locale, contribue à l’appauvrissement de la scène artistique en Haïti.
« Mes déplacements sont limités depuis un certain temps », confie Augustin Gusmon, travailleur social et ancien étudiant de la FASCH. « Je ne fréquente plus les boîtes de nuit de la capitale, surtout à Pétion-Ville. Je préfère rester chez moi pour ma sécurité. » Il se souvient d’une époque où il pouvait rentrer chez lui à 10 ou 11 heures du soir, mais aujourd’hui, il s’assure d’être chez lui à 19 heures, au plus tard.
Un paysage nocturne dévasté
L’insécurité généralisée a complètement anéanti les activités nocturnes à Port-au-Prince. « Je ne me souviens plus de la dernière fois où j’étais dehors à 20 heures », a posté un journaliste sur sa page Facebook. Rester dehors après la tombée de la nuit est désormais synonyme de grand danger pour les habitants de la capitale. Voilà la réalité à laquelle ils font face, une vie nocturne autrefois vibrante, désormais éteinte par la peur et la violence.
Likenton Joseph
Vant Bèf Info (VBI)