Plusieurs écoles de la capitale dans l’incertitude à l’approche de la rentrée

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La rentrée scolaire en Haïti, prévue pour le 1er octobre 2024, est cette année marquée par une profonde incertitude. Plusieurs écoles publiques, servant d’abri à des déplacés, doivent être libérées à moins de vingt jours de la rentrée.

Port-au-Prince, le 16 septembre 2024. –De nombreuses écoles à travers le pays risquent de ne pas pouvoir ouvrir leurs portes comme prévu. Elles sont actuellement occupées par des milliers de déplacés internes, fuyant la violence des gangs et l’insécurité galopante.

Depuis plusieurs mois, Haïti fait face à une crise humanitaire sans précédent. La montée des gangs dans les quartiers urbains de Port-au-Prince a contraint de nombreuses familles à abandonner leurs foyers. Beaucoup ont trouvé refuge dans des bâtiments publics, notamment des écoles, transformées en abris temporaires.

Ces établissements, initialement prévus pour accueillir des élèves, sont désormais surpeuplés de familles sans-abri, vivant dans des conditions précaires.

Cyndie Joachim, 34 ans, mère de jumelles et réfugiée au collège Antilles, exprime sa détresse : « Un accompagnement nous serait utile. La vie est compliquée, et je n’ai nulle part d’autre où aller. »

Un système éducatif déjà fragilisé

Le système éducatif haïtien est depuis longtemps confronté à de nombreux défis : manque de ressources, grèves fréquentes des enseignants et infrastructures inadéquates. La situation actuelle aggrave ces problèmes. La fermeture prolongée des écoles, utilisées comme refuges, pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l’éducation des enfants haïtiens.

De plus, les troubles sociopolitiques ont perturbé les deux dernières années scolaires, augmentant le taux de décrochage et réduisant l’accès à l’éducation pour de nombreux élèves.

« Une génération entière risque de perdre l’accès à l’éducation, compromettant ainsi leur avenir », déclare Yves Romulus, professeur de 4e année à l’école mixte Jéhovah Tsidkenu.

Des défis logistiques et financiers

La réhabilitation des écoles et la relocalisation des familles déplacées représentent des défis majeurs pour les autorités. Malgré le soutien d’organisations internationales, les ressources financières disponibles restent limitées.

Même les écoles non directement touchées par l’occupation des déplacés font face à des difficultés. Dans certaines zones, la présence de gangs empêche les élèves et les enseignants de se rendre en sécurité à l’école. L’absence d’un plan national pour la sécurité et la réhabilitation des établissements scolaires accentue cette incertitude.

Une réponse insuffisante de l’État

Le gouvernement haïtien, déjà affaibli par les crises politiques, notamment les manœuvres dilatoires du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), peine à apporter une réponse adaptée à cette situation.

Bien que des initiatives aient été lancées pour reloger les familles dans des camps temporaires, elles sont largement insuffisantes. Les parents, inquiets pour l’avenir de leurs enfants, appellent à une intervention urgente des autorités.

« Les autorités ne feront de l’éducation une priorité que lorsque l’école s’appellera BNC », ironise Sandra Monplaisir, réfugiée au lycée du Cent Cinquantenaire, également appelé lycée des Jeunes Filles.

« Sans école, il y aura des délinquants, et avec des délinquants, il y aura des gangs. Pourtant, cela ne semble pas faire partie des grandes priorités du gouvernement », ajoute-t-elle.

En attendant, l’avenir de l’éducation en Haïti reste incertain, suspendu à une éventuelle résolution de la crise politique. Cette situation s’inscrit dans un contexte plus large de désespoir pour une grande partie de la population haïtienne.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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