Haïti: la Transe des Masques vue par Pradel Henriquez
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L’ancien ministre de la Culture et de la Communication, Pradel Henriquez, a livré une analyse poignante du roman La Transe des Masques de Marnatha Irène Ternier, une œuvre réaliste qui met en lumière divers aspects de la réalité sociale haïtienne, notamment la violence faite aux femmes.
Port-au-Prince, le 13 juillet 2024.- Dans son analyse, Pradel Henriquez souligne la prévalence de la violence domestique en Haïti, indépendamment du rang social ou économique des agresseurs. « De nos jours, en Haïti, on ne serait pas étonné de découvrir que beaucoup d’hommes, quel que soit leur statut, battent leur(s) femme(s) », affirme-t-il. Il cite des exemples concrets de diverses professions : médecins, avocats, fonctionnaires, militaires, policiers, enseignants, et jeunes mariés ou amants, soulignant que la violence n’épargne aucun secteur de la société.
Un phénomène exacerbé par les crises
Henriquez rappelle que cette violence s’est exacerbée durant la pandémie de Covid-19 et les trois années de chaos suivant l’assassinat de Jovenel Moïse, période durant laquelle le pays était littéralement livré à lui-même. « On l’a vu pendant la période du Covid-19, un peu partout à travers le monde. On vient juste de le voir encore, en Haïti durant les trois dernières années de chaos », ajoute-t-il.
L’inaction des institutions
Selon Henriquez, cette violence systématique est aggravée par l’inaction des institutions publiques censées protéger les victimes. Il déplore que les femmes victimes de violence soient souvent laissées sans protection. « Tout le monde bat sa femme comme un tambour géant », regrette-t-il, tout en soulignant l’absence de soutien institutionnel. Il se demande alors quel est le rôle du ministère à la Condition féminine et aux Droits de la femme dans ce contexte.
Critique des institutions publiques
L’ancien ministre critique vivement les institutions publiques, accusées de ne pas faire leur travail. Il relate l’histoire d’une femme battue pendant cinq ans par son mari, qui a été systématiquement ignorée par les institutions censées la protéger. « Une femme battue par son mari pendant quasiment cinq ans de leur vie conjugale, a été systématiquement roulée dans la farine par des institutions publiques concernées et payées pour faire leur job », déplore-t-il.
Un appel à l’introspection
Henriquez salue l’ouvrage de Marnatha Ternier pour son approche introspective et critique. La Transe des Masques, selon lui, force à une réflexion profonde sur la violence et les distorsions multiples de la société haïtienne. Il conclut en soulignant que, dans ce contexte de violence, « il y en a qui ne s’embarrassent d’aucun scrupule et qui, en réalité, ne portent aucun masque ».
Vant Bèf Info (VBI)