Séjourner à la campagne, une tradition en voie de disparition

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Les voyages vers les grandes villes ou les campagnes se réduisent largement. Là-dessus, le constat est clair; en témoignent les passagers et chauffeurs victimes d’exactions de gangs armés. La réduction observée concernant la fréquence de voyages inscrit carrément cette bonne habitude à la liste des traditions en voie de disparition.

L’insécurité aggravante fait disparaître le goût de déplacements vers les villes de province en Haïti. Ce phénomène oblige chauffeurs et passagers à adopter de nouveaux comportements.

On est le Dimanche 16 avril 2024, 10 h 30 du matin, à la gare routière de Mirebalais dite derrière Croix, des tickets sont vendus au prix de 2000 gourdes. Les tohu-bohu des managers (chajè machin) et des marchands de divers produits animent la station: Mirebalais-Port-au-Prince.

À 11 h et quelques minutes, la porte se ferme et le minibus se met en route ; des murmures de prières se font entendre, des soupirs aussi. « Mettez vos téléphones en mode silencieux ! », exige le chauffeur aux passagers. Pas de distraction durant le trajet.

De nouvelles habitudes s’installent lors des voyages en minibus. Pas de téléphone portable, pas d’oreillettes pour écouter de la musique, pas même de conversations entre amis. À part les vrombissements du véhicule, un silence de cimetière règne dans l’espace, autrefois animé par des discussions joyeuses entre amis et inconnus.

De nouvelles dispositions

Vers 12 h, à Morne à Cabri, le calme relatif persiste. Les gens évitent de parler pour ne pas attirer l’attention de personnes mal intentionnées, qui pourrait se trouver à bord. Certains se réfugient dans leur sommeil. Le chauffeur commence à préparer les 10.000 gourdes que des individuels armés postés à Onaville, exigent comme droit de passage. Peu de trafic est observé, à l’exception de quelques camions de matériaux et remorques sur la route à hauteur du Morne à Cabrit.

Contrairement à autrefois, aucune présence policière n’est remarquée au carrefour menant à Onaville et au centre-ville de Croix-des-Bouquets. Il y avait un poste de police et des agents de contrôle du BSAP. Toutefois, des carcasses de voitures de police et des chauffeurs de moto sont visibles.

Calmement, les passagers gardent la tête droite, évitant de regarder ailleurs, dans le souci d’afficher une posture non suspecte. Le chauffeur s’arrête et remet aux gangs les 10 000 gourdes sans dire un mot, une fois atteint le seuil de l’entrée principale d’Onaville.

Arrivé à Canaan, les marchands, couverts de poussière, étalent leurs marchandises. La vie peine à reprendre son cours à la Plaine du Cul-de-Sac, qui montre un visage empreint d’un air désastreux.

À Lilavois, le premier passager descend, suivi d’autres à Croix-des-Missions. Le véhicule continue vers Butte-Boyer, où un jeune homme demande des frais comme une forme de péage que le chauffeur refuse, et il redémarre.

À Clercine, à la base du Corps des brigades d’intervention motorisée (CBIM), la police est finalement aperçue.
La voiture presque vide est à deux pâtés de maisons de la station Gérald Bataille. Les passagers se sentant quelque peu hors de danger, sortent leurs téléphones des sacs et des poches afin de passer des appels et rassurer leur famille respective.

Les contrôles policiers sont quasiment inexistants, les passagers doivent rester silencieux et éviter toute distraction avec leurs gadgets pendant leurs trajets en voiture. Les regards curieux sont déconseillés, tandis que les frais de déplacement augmentent en raison des exigences des bandits. Chaque bruit provoque la peur.

« C’est devenu la norme pour les voyages vers la campagne ces derniers temps », soupire une passagère à son arrivée à Gérald Bataille.

La situation est similaire pour les voyages vers d’autres régions, comme le Grand-Sud depuis Carrefour et le Nord depuis Cabaret. Aucun périmètre de sécurité n’est établi, laissant peu d’espoir ou de recours.

Les gangs opèrent en toute liberté sur les routes principales. Autrefois crainte pour les accidents de la route, les voyageurs prient maintenant pour éviter les rencontres malheureuses avec les bandits qui continuent de sévir impunément sur ces routes très fréquentées.

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