Reuters Institute dévoile un rapport alarmant sur l’évitement de l’actualité

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Les médias doivent s’adapter rapidement à leur nouvel environnement, sous peine de disparaître. Le Reuters Institute for the Study of Journalism a publié, le 17 juin 2024, son rapport annuel sur les pratiques d’information en ligne. Ce rapport met en lumière plusieurs tendances inquiétantes pour l’industrie de l’information, exacerbées par la réinitialisation des plateformes technologiques, la montée de l’IA et l’évitement croissant de l’actualité.

Les défis des plateformes et des revenus

Londres, 19 juin 2024. – Les éditeurs de médias font face à une hausse des coûts, une chute des revenus publicitaires et une baisse significative du trafic provenant des réseaux sociaux. Les entreprises technologiques, telles que Meta, réorientent leurs stratégies en dépriorisant les actualités et le contenu politique, favorisant plutôt les créateurs de contenu. Cette dynamique modifie radicalement la consommation d’information, avec une préférence croissante pour les formats vidéo.

Consommation fragmentée des actualités

Face à la baisse de l’utilisation de Facebook pour les actualités, les utilisateurs se tournent vers une gamme d’alternatives, notamment YouTube, WhatsApp et TikTok. Ces plateformes se concentrent de plus en plus sur d’autres types de contenu que les actualités traditionnelles, rendant la tâche plus difficile pour les journalistes de capter l’attention du public.

La montée en puissance de la vidéo

La vidéo devient une source principale d’actualités en ligne, en particulier pour les jeunes. YouTube et Facebook restent les plateformes dominantes pour les vidéos d’actualités, mais TikTok gagne du terrain, surtout auprès des 18-24 ans. Ce changement de format pose des défis aux rédactions traditionnelles, souvent encore axées sur le texte, et complique la monétisation du contenu.

Influenceurs et célébrités en hausse

Les utilisateurs de TikTok, Instagram et Snapchat s’informent de plus en plus auprès des influenceurs et célébrités, plutôt que des journalistes traditionnels. Par exemple, en France, Hugo Décrypte surpasse en mentions des marques d’actualités établies comme Le Monde et BFMTV. Cette tendance montre une évolution vers une consommation d’information plus personnalisée et moins institutionnelle.

Désinformation et IA

Les préoccupations concernant la désinformation ont augmenté, avec près de 59% des personnes interrogées exprimant leur inquiétude. Les utilisateurs de TikTok et Twitter sont particulièrement préoccupés par la difficulté à distinguer les informations fiables. De plus, l’utilisation de l’IA dans la production d’actualités suscite une méfiance notable, la majorité des publics préférant que les humains restent aux commandes.

Évitement de l’actualité

L’évitement de l’actualité atteint un niveau record, avec 39% des sondés affirmant qu’ils évitent parfois ou souvent les nouvelles. Cette tendance est alimentée par le sentiment d’épuisement face à la couverture incessante des guerres, des catastrophes et des sujets politiques. La saturation des contenus nécessaires pour alimenter les algorithmes des plateformes contribue également à cette fatigue.

Le rapport du Reuters Institute souligne la nécessité pour les médias de s’adapter rapidement aux changements technologiques et aux nouvelles attentes du public. La confiance et l’engagement restent des objectifs cruciaux pour les éditeurs cherchant à survivre dans un environnement de plus en plus fragmenté et compétitif. Des efforts pour renforcer la transparence et l’équité dans le journalisme pourraient aider à reconquérir une audience de plus en plus sceptique et fatiguée par les actualités.

Deslande ARISTILDE
Vant Bèf Info (VBI)