Economie: de la pénurie de carburant à une plus criante, la rareté conjoncturelle du dollar américain
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Les banques commerciales font face à une indisponibilité de dollars américains et sont dans l’incapacité de livrer aux clients, la somme réclamée lors des retraits d’argent. En raison de cette situation, les clients et les caissiers des banques sont à couteaux tirés. Les clients se plaignent du fait que les banques commerciales ne veulent pas leur donner leur argent.
Port-au-Prince, le 20 mai 2024- Ces deux dernières semaines, le pays fait face à une énorme rareté du billet vert sur le marché. Cette pénurie a provoqué des échauffourées entre les clients et les responsables des banques commerciales dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les banques se trouvent dans l’obligation de restreindre ou tout simplement refuser des demandes de billet vert pour faire face à cette pénurie de cash.
Des citoyens crachent leur frustration
Il est 11 heures du matin, nous sommes dans la succursale d’une banque commerciale à la capitale. Ici, l’ambiance n’est pas très amicale. Une cliente très frustrée lance des propos hostiles à l’endroit des responsables. À la base de cette situation, la dame a voulu retirer 250 dollars de son compte en banque mais on lui a dit que le retrait ne peut pas dépasser 50 dollars.
« Donnez-moi tout mon argent, je veux fermer mon compte. Pourquoi le processus de retrait est limité, alors qu’il n’y a aucune restriction quand il s’agit de dépôt?», se plaint la dame. « Je suis arrivée très tôt ce matin à la banque, j’ai besoin des billets verts et je ne compte pas quitter les lieux avant d’être servie », poursuit-elle d’un ton très furieux.
Les clients sont à bout de nerfs face au refus des responsables des banques commerciales dans plusieurs banques du pays. Le constat reste le même dans presque toutes les banques commerciales.
Les banques commerciales sur la sellette
Dans une autre banque à Pétion-Ville, à la barrière d’entrée, un agent de sécurité fait passer le message à toutes les personnes avant d’y pénétrer. « Cette succursale ne dispose pas de billets verts pour aujourd’hui », crie-t-il à trois reprises. Une annonce méprisée par les clients malgré tout.
Une jeune mère de famille rencontrée à l’entrée principale, n’a pas cessé de se plaindre. « Cela fait déjà deux semaines depuis que je parcoure toutes les succursales de cette banque dans l’idée d’effectuer un retrait sur mon compte dollars pour pouvoir compléter les frais pour un billet d’avion, mais sans succès ». Dans certaines succursales, on me propose 50 ou 100 dollars, alors que dans d’autres les responsables informent aux clients qu’ils ne disposent pas de billet vert », raconte cette dame.
«Cette rareté de dollars est une politique. C’est pour nous autres de la classe moyenne qu’il n’y a pas de dollars mais pour d’autres, retirer 1000 dollars américains de son compte bancaire n’est qu’une formalité, déplore ce citoyen rencontré au même endroit.
Dans certains cas, la banque exige au client en guise de lui donner le montant exigé en dollars, d’effectuer le retrait en gourdes par rapport au taux fixé par la BRH. Une stratégie déplorée par la clientèle.
Alors que les banques ne livrent presque plus de dollars US aux clients, la plupart des magasins et entreprises privées fixent le prix de leurs services en devise américaine. Acheter ou trouver le dollar reste une pluie dans le désert.
Depuis la recrudescence de l’insécurité avec l’offensive des gangs armés dans la capitale, le 29 février dernier, débouchant ainsi sur une crise multiforme, tous les secteurs de la vie nationale sont éprouvés par cette situation. Causant ainsi la réduction de la quantité de monnaie (dollar US et gourde) en circulation, impacte de manière négative, le train de vie de la population, le secteur économique et financier local.
Dès lors, la banque centrale avait demandé aux déposants en dollars à utiliser d’autres moyens de paiement qui sont à leur disposition pour pallier à ce problème. Les chèques de direction et les chèques de l’étranger, les virements d’un compte bancaire à un autre, les virements SPIH d’une banque à une autre, les transferts sur l’étranger et pour les titulaires de comptes courants et les chèques tirés sur leur compte sont entre autres les moyens évoqués par la BRH.
Mederson ALCINDOR
Vant Bèf Info (VBI)