La force multinationale : au-delà de la réalité

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À la fin de ce mois de mai, les premières troupes multinationales notamment, kenyanes fouleront le sol haïtien. La construction d’une base à proximité de l’aéroport Toussaint Louverture a débuté depuis près de deux semaines. Les avions de l’armée américaine arrivent à longueur de journée transportant des matériels, du personnel ainsi que des équipements pour la police, l’armée et la force multinationale. Pour cerner de manière efficace la question, la rédaction de Vant Bèf Info (VBI) a rencontré l’ancien colonel Himmler Rebu, qui intervient de manière fréquente dans les médias sur la question de la sécurité.

Port au Prince, 13 mai 2024. Ce n’est plus une probabilité mais une certitude, les Haïtiens assisteront au déploiement imminent des premiers contingents de la Mission Multinationale de Soutien à la Sécurité. Ils arriveront quelques jours après la commémoration du 221e anniversaire du drapeau, le 18 mai 2024. Actuellement, la construction de la base principale à proximité de l’aéroport avance avec célérité sous la protection des soldats américains.

À bien considérer le niveau exagéré de l’insécurité en Haïti, la MMSS apporte une lueur d’espoir aux Haïtiens. Cependant, l’échec des missions précédentes fait planer des doutes quant à la réussite de cette mission. La rédaction de Vant Bèf Info a rencontré l’ex colonel Himmler Rebu, qui intervient de manière fréquente dans les médias sur la question de la sécurité.

Les opportunités à saisir

Pour saisir les opportunités, il faut se référer à la nature du contrat entre les deux pays. Généralement, ces contrats et le mode opératoire ont un caractère binational. Selon le colonel, les pays en question devraient discuter sur un contrat de réciprocité. Ce qui permettra à la mission de travailler dans le rétablissement d’un climat sécuritaire et d’offrir une formation en maniement et en maintenance des matériels et équipements qu’Haïti aura à bénéficier après le départ de la MMSS.

« Dans le contrat, il doit avoir une clause permettant d’exploiter la MMSS à plusieurs échelles. D’abord, aider à résoudre le problème d’insécurité. Ensuite, offrir une formation technique pour l’utilisation des matériels. Et enfin, permettre à nos troupes de recevoir une formation sur la maintenance des appareils. » A fait savoir M Rebu.

En ce moment, le problème des gangs armés est complexe. On doit l’attaquer avec beaucoup de stratégie. Ce n’est pas ce que l’on voit ou ce que l’on entend. Le problème va au-delà de la réalité. La police ne pourra pas résoudre cette situation sans l’appui d’une force étrangère. Par conséquent, nous devons jouer toutes les cartes pour faire de cette mission la dernière.

Les premiers jours de la MMSS.

Pour l’ancien colonel des Forces Armées d’Haïti, la sécurisation des sites stratégiques : les ports et les aéroports devraient compter parmi les actions premières de la MMSS. « C’est une opération de routine. Elle n’est pas forcement délicate. » Croit M. Rebu. « Cela facilitera l’accès à l’État, la continuité du flux de commerce international et l’approvisionnement en nourriture et médicament. » A-t-il ajouté.

Pour donner une lueur d’espoir, durant les premiers jours, « la force multinationale doit permettre la reprise normale de la circulation dans les grands axes routiers. Ensuite, verrouiller les quartiers criminogènes pour les infiltrer peu à peu. » Le colonel reconnait que ce ne sera pas facile. Cet aspect exige beaucoup de ressources humaines. « Il sera difficile et risqué. » A fait savoir l’homme politique.

La peur change de camp.

« Ces hommes se tiennent debout tout le temps que les autorités sont assises. Dans un État où les autorités prennent leurs responsabilités les gangs armés ne sauraient résister. » « La manifestation qu’ils ont organisée le vendredi 10 Mai 2024, montre leur peur et leur faiblesse quant au déploiement de la MMSS», selon le dirigeant de parti politique.

« Dans un premier temps, ils vont attaquer la mission. S’ils trouvent des répliques, ils vont se replier pour définir d’autres stratégies. Mais si la force continue sa poursuite, elle aura gain de cause ; parce que les hommes armés ne sont pas des soldats, ce sont des jeunes mal orientés. » Explique M Rebu.

Par ailleurs, des informations circulant sur les réseaux sociaux faisant croire que certains chefs de bandes armées ont saisi les passeports des soldats pour les éviter de s’enfuir. D’autres ont assassiné des soldats montrant des signes déserteurs.

Des recommandations.

L’expert en sécurité exhorte la MMSS à éviter les confrontations physiques. « La confrontation physique conduira sans aucun doute aux massacres. Les dirigeants de la mission doivent l’éviter à tout prix. C’est un piège. Pour arriver à donner du résultat, la force étrangère doit avoir du temps, de l’énergie et beaucoup de patience. »

« Le Conseil présidentiel de transition doit sans délai créer une commission multidisciplinaire en matière de sécurité. Elle aura la mission d’informer le CPT des règles générales appliquées dans le domaine de la sécurité en matière de coopération entre deux pays. » Propose le colonel Rebu.

Vue l’ampleur de l’insécurité dans le pays, les attentes sont nombreuses. Au dire du colonel Himmler Rebu, le travail est complexe et perplexe. Espérons que l’État haïtien dans le contrat exige des résultats. En plus des résultats, il prendra les mesures qui s’imposent pour éviter à la génération future de vivre un cataclysme pareil et d’expérimenter un enfer au quotidien.

Mackenlove Hyacinthe
Vant Bèf Info (VBI)