Haïti confrontée à une hausse des prix suite à la fermeture de la frontière avec la République dominicaine
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Dans un contexte marqué par une insécurité croissante depuis plusieurs années en Haïti, la fermeture de la frontière avec la République dominicaine a exacerbé les difficultés que le pays traverse. Cette situation a entraîné une hausse des prix sur le marché local, obligeant les commerçants à augmenter les tarifs de leurs produits.
Port-au-Prince , le 8 octobre 2024.- En effet, les bandes armées qui opèrent en Haïti ont intensifié leurs activités d’extorsion envers les transporteurs de marchandises. Ils exigent désormais un « argent supplémentaire pour les laisser passer ». Dans des régions comme le morne à Cabrit, cette menace est devenue monnaie courante, impactant directement les coûts de transport et par conséquent, les prix de vente des produits sur les marchés locaux.
La sécurité alimentaire du pays est également affectée par cette situation. Non seulement les routes sont contrôlées par les bandes armées, kidnappant les conducteurs et extorquant de l’argent, mais elles envahissent aussi les régions considérées comme le grenier du pays. Ainsi, la rareté de produits dominicains tels que les noix de coco, les figues bananes et les œufs a fait grimper leur prix de façon exponentielle en l’espace de quelques jours.
Face à cette pénurie, le phénomène de contrebande a pris de l’ampleur. Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrent des individus traversant clandestinement les zones frontalières non contrôlées pour acheter des produits dominicains et les vendre sur les marchés haïtiens. Cependant, cette pratique illégale a entraîné l’introduction de produits avariés, notamment des œufs pourris, qui ont envahi les marchés ces derniers jours.
Dans ce contexte, une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux pour inciter la population haïtienne à revenir à la consommation de produits locaux. Les slogans tels que « Le canal ne s’arrêtera pas » ou « le canal ou la mort » témoignent du soutien de la population à la construction du canal, dans une rare unité nationale regroupant chrétiens, bouddhistes, intellectuels, professionnels et agriculteurs.
Pendant ce temps, le président dominicain, Luis Abinader, a décrété la fermeture des frontières avec Haïti depuis le 15 septembre afin de contraindre l’arrêt des travaux de prise d’eau dans le canal.
Face à l’insécurité et à l’impact sur la sécurité alimentaire, Haïti recherche activement de nouveaux partenaires commerciaux afin de diversifier ses sources d’approvisionnement. La fermeture de la frontière avec la République dominicaine a mis en évidence la dépendance du pays à l’égard de ses voisins et la nécessité d’une plus grande autonomie économique pour assurer sa stabilité future.
Yves Manuel
Vant Bèf Info ( VBI)