Haïti-Crise: Le gouvernement utilise-t-il le marché illicite pour s’approvisionner en carburant?

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Depuis plus d’un mois, le pays fait face à une non disponibilité des produits pétroliers sur le marché local. La situation se dégénérait après l’annonce du gouvernement concernant l’augmentation des prix du pétrole. Une annonce qui a soulevé la colère de la population et des mouvements de protestations générales ont été lancés dans la Capitale et dans les villes de province. Peu de temps après, le Terminal Varreux a été pris en otage par le gang G9, dirigé par Jimmy Chérisier alias « Barbecue ». Et depuis, pas de distribution des produits pétroliers dans le pays mais les membres du gouvernement continuent de vaquer à leurs occupations. Et des observateurs se demandent comment le gouvernement fait-il pour s’approvisionner en carburant?

Port-au-Prince, le 22 octobre 2022.- Depuis plus d’un mois, la population haïtienne fait face à l’une des pires crises pétrolières que le pays n’a jamais connu.

Si l’on tient compte des événements ayant conduit à cette situation, les produits pétroliers étaient rares dans le pays depuis près de cinq mois. Des longues files d’attentes ont été constatées dans les stations services où chauffeurs et propriétaires de véhicules se battaient afin de se procurer d’un peu de carburant.

Selon les commentaires de plus d’un, les acteurs impliqués dans la distribution et la vente des produits pétroliers ont créé « une rareté artificielle » dans la perspective de provoquer l’augmentation des prix du carburant sur le marché national et ils s’apprêtaient à exercer des pressions sur l’Exécutif à cet effet.

Dans la foulée, alors que les produits pétroliers ne sont pas disponibles dans les stations services, ils se vendent à des prix exorbitants sur le marché informel, très souvent dans les parages des pompes à essence grâce à la complicité de leurs propriétaires et les petits détaillants. Il faut souligner que la population a critiqué sévèrement cette pratique.

A mesure que le temps passe, la situation perdure, et les autorités font du surplace afin d’arriver à leur plan qui était d’augmenter pour une deuxième fois, cette fois-ci de manière plus considérable, les prix des produits pétroliers sur le marché, selon certains.

Le gouvernement a remué le couteau dans la plaie

A la veille de la rentrée des classes fixée pour le 3 septembre dernier, le gouvernement a annoncé à la population qu’il a décidé d’augmenter les prix des produits pétroliers sur le marché local. Par cette décision, la gasoline serait passée de 250 à 570 gourdes le gallon, le diesel de 353 à 670 gourdes le gallon et le kérosène de 352 à 665 gourdes le gallon.

A cause des vagues de protestations occasionnées par cette annonce, le pays était tout entier en ébullition. Des barricades enflammées érigées un peu partout, des scènes de pillage dans des institutions publiques et privées, même des institutions caritatives n’ont pas été épargnées, le pays était fermé dans sa quasi-totalité.

Paradoxalement, certains propriétaires et conducteurs de véhicules achètent le pétrole sur le marché informel à des prix excessivement élevés. A titre d’exemple, la gasoline se vend jusqu’à 3500 gourdes dans la Capitale et le diesel à 1750 gourdes, tandis que dans certaines villes de province, on peut acheter la gasoline jusqu’à 5000 gourdes et le diesel à plus de 2000 gourdes.

Pas de distribution de pétrole dans les pompes

A cause de la situation à Varreux où le Terminal est sous le contrôle des gangs armés, il n’y a pas eu de distribution de pétrole dans les pompes à essence depuis plus de quatre semaines, alors que près de 70% des produits pétroliers sont stockés dans cet espace.

Après maintes tentatives, les forces de l’ordre n’arrivaient pas à mettre les bandits en déroute pour faciliter la distribution du pétrole. Devant cet état de fait, la majorité des institutions notamment des hôpitaux ont dû réduire leurs temps de services, ce, aux préjudices de la population.

A la grande surprise de la population, le carburant coule à flot sur le marché noir. Dans tous les coins et recoins, ce produit qui n’est pas disponible dans les stations services y est en très grande quantité et jamais en rupture de stock.

Ce que le gouvernement ne dit pas

Pendant que des institutions offrant des services vitaux à la population ont réduit leurs temps de services comme les hôpitaux, les membres du gouvernement continuent de rouler. Avec des gros cylindrés dans leur cortège ayant au moins trois véhicules.

Le cortège du premier ministre Ariel Henry contient plus d’une vingtaine de véhicules alors qu’Haïti n’a pas encore fait l’expérience des voitures éléctriques. Les ministres, les directeurs généraux, les hauts dignitaires de l’État ont aussi leur cortège. Comment le gouvernement fait-il pour s’approvisionner en carburant?

La même question peut aussi se poser pour la police nationale d’Haïti. Comment cette institution disposant d’un important parc de véhicules s’arrange-t-elle pour s’approvisionner en carburant?

Le gouvernement a-t-elle recours au marché informel pour se procurer du carburant?

En attendant un élément de réponse à cette question, il importe de souligner qu’à deux reprises, les responsables de la compagnie WINECO SA. ont informé que des individus armés avaient volé du carburant au Terminal Varreux. Pour la première fois on n’a pas eu de détails, tandis que pour la deuxième fois, les bandits ont emporté quatre camions-citernes remplis de pétrole évalués à environ 28 000 gallons, ont informé les responsables de WINECO SA.

Jean François

Vant Bèf Info (VBI)