Haïti doit amorcer son « indépendance » vis-à-vis de la République Dominicaine
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Suite aux décisions de Santo Domingo de suspendre son programme spécial de visas pour les étudiants haïtiens après que le chancelier haïtien eût repris un message du département d’État américain sur l’insécurité dans ce pays, les voix s’élèvent pour demander à Port-au-Prince de commencer à sortir de la dépendance vis-à-vis de ce pays.
Port-au-Prince, le 2 novembre 2021. Les réactions se multiplient en Haïti après l’annonce du gouvernement dominicain de suspendre son programme spécial de visas pour les étudiants haïtiens.
Cette décision a été adoptée après que le chancelier haïtien, le docteur Claude Joseph, eût repris un message du département d’État invitant les citoyens américains à limiter leurs déplacements en République Dominicaine en raison de l’insécurité dans ce pays.
Pour Jean-Paul, étudiant en 2e année en Sciences Juridiques, il s’agit d’une mesure lâche, injuste et inhumaine, de la part de Santo Domingo. Ils ne pouvaient pas répondre aux américains mais ils déversent leur colère sur Haïti, a-t-il déploré.
Pour sa part, Stephane Jean-Baptiste soutient que les jeunes haïtiens qui étudient dans les universités dominicines apportent une valeur ajoutée à l’économie de ce pays. Ils n’ont pas le droit de nous traiter ainsi, a-t-il dit, soulignant qu’ils ont beaucoup à perdre si les étudiants haïtiens choisissaient de rentrer à la maison.
Mais il reconnaît que l’offre de formation professionnelle et universitaire en Haïti est nettement inférieure par rapport à la demande. Voilà pourquoi, il invite les élites haïtiennes à commencer à penser à la façon dont on peut sortir de la dépendance vis-à-vis de la République Dominicaine et ceci, dit-il, à tous les niveaux.
En effet, la majorité des produits consommés en Haïti proviennent de la République Dominicaine. Une récente étude d’une université dominicaine souligne que de janvier 2019 à août 2021, les exportations dominicaines vers Haïti étaient 23 fois supérieures à celles qui se faisaient dans l’autre sens.
Nous devons commencer à penser à nous tourner vers d’autres pays de la région, entre autres, le Brésil et les États-Unis pour nous approvisionner en produits de toute sorte, affirme Pierre-Michel qui a vécu quelques années à Rio, au Brésil.
Cela ne suffira pas. Il faudra, ajoute-il, mettre sur pied un véritable programme de renforcement de la production nationale et réduire au maximum notre dépendance vis-à-vis avis d’autres pays, dont la République Dominicaine.
Pour cela, dit-il, nous avons besoin de visionnaires et des hommes d’affaires qui pensent réellement à l’avenir du pays et pas seulement à leurs intérêts immédiats.
Le professeur James Boyard a, dans un message sur Twitter, souligné la nécessité pour Haïti de réagir.
« Face aux mesures de suppression du programme de visa par la RD, le moment est venu de procéder à une riposte graduée, en prenant aussi une pause sur l’entrée des marchandises dominicaines en Haïti. Il est temps de saisir l’occasion de nous faire respecter », écrit l’universitaire sur le réseau social.
Vant Bèf Info (VBI)