Économie: Qui contrôle le marché du dollar en Haiti ?
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Qui contrôle le marché du dollar américain en Haiti ? À cette interrogation, un entrepreneur haitien voulant garder l’anonymat explique que le marché du dollar est contrôlé par la vente informelle du dollar et non la Banque Centrale. Et pour résoudre le problème du taux de change en Haiti, il dit croire qu’il y a un impératif d’aller vers la production nationale sur le long terme. A court terme, c’est la vente informelle du dollar qu’il faut régulariser, prône-t-il, le 18 juin dernier lors d’entrevue exclusive avec notre rédaction.
Port-au-Prince, le 21 juin 2021.- L’entrepreneur explique que le dollar s’obtient de deux manières. D’abord par les transferts dont la moyenne annuelle est de 3,6 milliards US. Ensuite par l’exportation. Les usines de la sous-traitance ne génèrent pas beaucoup d’argent. Si les exportateurs de la sous-traitance exportent 1 milliard, la somme qui leur revient est de 200 millions environ et c’est ce qui reste dans notre économie. Nous importons trop alors que nous n’exportons pas beaucoup. Un pays qui importe autant a besoin de dollars et à partir de là, le dollar devient rare.
Comparaison avec la République Dominicaine
Pour mieux illustrer sa position, l’entrepreneur compare Haïti et la République Dominicaine.
« Il y a 40 ans de cela, en Haïti, on avait besoin de 5 gourdes pour un dollar. Aujourd’hui, disons 100 gourdes pour un dollar. La gourde perd 20 fois la valeur. Or en République Dominicaine, toujours durant cette même période, on avait besoin d’un peso pour un dollar américain. Aujourd’hui, le dollar vaut 58 pesos. Ce dernier perd 58 fois sa valeur. Et la situation n’est pas si mauvaise en République Dominicaine. Donc, on n’a pas un problème de monter de dollars en Haïti. Le problème, c’est par le fait que lorsque le dollar augmente on ne peut pas acheter les produits de premières nécessités dont les prix augmentent conséquemment, car nous ne les produisons pas ici. Pour les avoir, il faut les importer et pour les importer, il faut des dollars », souligne-t-il.
Un contexte sécuritaire défavorable à la production et à l’investissement
S’il y a une chose qui nuit le plus à la production économique, ce sont les crise politiques , ajoute l’entrepreneur. Selon lui, le contexte sécuritaire dans lequel évolue le pays depuis des mois est un véritable obstacle à la production nationale et à l’investissement. Comment un entrepreneur d’ici ou d’ailleurs peut-il venir investir 20 millions de dollars ici en Haïti , s’interroge-t-il? Pourquoi à chaque fois que le pays est en passe de recevoir un investissement, les entrepreneurs tournent leurs yeux en République Dominicaine, poursuit-il? « Le pays est invivable. Les gangs armés attaquent tout le monde. La semaine dernière, ils ont attaqué une ambulance de médecins étrangers faisant des œuvres sociales dans le pays. Le pays n’est pas amusant », dénonce t-il.
Le manque de contrôle de la BRH
« La Banque Centrale a 418 millions de dollars comme réserve. Ce qui représente un mois d’importation. Le Fond Monétaire International (FMI) exige que la réserve économique de chaque pays soit de 3 mois d’importation, alors que nous n’avons en Haïti qu’un mois d’importation. Le pays est effondré », crie-t-il. Il estime que du côté de la BRH, il y a un manque de contrôle. Et ce manque de contrôle complique tout. En Haïti, seul le secteur bancaire est contrôlé. Selon lui, la vente informelle du dollar américain est aussi une source de problèmes que devrait adresser la BRH. Ces derniers jours, le secteur informel prend de l’ampleur sur le secteur formel. » Le ministre du commerce était venu voir si nos prix étaient affichés en gourdes, ce qui était fait. Mais est-ce qu’il est possible de le faire pour le secteur informel? Non.
En cette période de crise politique, il lance un appel à une prise de conscience au sein du secteur politique pour sortir le pays de ce marasme. Il insiste sur la nécessité d’une politique de production nationale comme décision à long terme pouvant aider résoudre le problème mais dans le court terme, il dit penser qu’un meilleur contrôle du marché informel pourrait aussi aider à la résolution de ce problème.
Vant Bèf Info (VBI)