Haïti : Les trottoirs obstrués, les piétons dans les rues, une insécurité publique
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Les trottoirs de plusieurs villes d’Haïti sont obstrués par des occupants illégaux. Dans d’autres cas, ce sont des institutions privées ou publiques qui décident à leur guise de couper le passage aux piétons, selon le constat réalisé par un reporter de Vant Bèf Info (VBI). Dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la situation va de mal en pis. Des institutions étatiques bloquent également les trottoirs obligeant les piétons à utiliser la chaussée, au risque de se faire heurter par un véhicule. Un dossier de Vant Bèf Info.
Port-au-Prince, le 2 décembre 2020.- L’occupation des trottoirs par des marchands de toutes sortes ne date pas d’hier. À Port-au-Prince, Delmas, Pétion-Ville, Tabarre, Croix-des-Bouquets, et Carrefour, pour ne citer que ces communes, la pratique de jour en jour prend de l’ampleur.
Plusieurs tentatives de libérer les trottoirs de leurs occupants illégaux sont soldées sans succès dans certaines de ces municipalités. Marchands, ferronniers, laveurs d’auto, entre autres, imposent leur loi sur les trottoirs. Et, l’État ferme ses yeux !
Des institutions privées et publiques se mêlent du désordre
Si dans certains cas ce sont des gens en quête de moyens de survie qui occupent les trottoirs, dans d’autres situations, ce sont des institutions qui, à leur guise, décident d’obstruer le passage. C’est le cas pour la Direction Générale des Impots (DGI) située à l’avenue Christophe. À l’entrée la cette institution publique, des poteaux en fers sont plantés sur le trottoir et une grande et longue chaîne y est attachée bloquant le passage aux piétons. Ces derniers n’ont pas d’autres choix que de s’aventurer sur la chaussée déjà exiguë pour se frayer un chemin au risque de se faire renverser par un véhicule.
C’est la même situation au niveau de la route de l’aéroport. Dans l’entrée menant au marché de Cité aux Cayes, une compagnie privée obstrue avec de tôles les trottoirs. Les marchands qui, ordinairement occupent l’espace s’installent désormais dans la rue et étalent leurs produits ( des vêtements usagés) sur les tôles.
Trottoirs, aires de stationnement ou espaces aux déchets
Mis à part le problème de marchés improvisés, les trottoirs sont aussi utilisés comme des aires de stationnement. Certaines institutions de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, publiques ou privées, transforment les trottoirs en espaces de stationnement pour les véhicules de leurs clients ou leurs personnels. Véhicules (voitures et motocyclettes) y sont stationnés.
Par ailleurs, dans d’autres cas, les trottoirs sont utilisés pour déverser des déchets. C’est le cas pour de nombreuses zones dans la capitale haïtienne
Véritable problème de sûreté et de sécurité publique
Selon le Dr Yves Cadet, expert en sécurité, l’occupation des trottoirs est un véritable problème de sûreté et de sécurité publique. Selon lui, les trottoirs sont faits pour les piétons et non pour les marchands. « Quand des marchands occupent les trottoirs, les citoyens se voient obligés de prendre la chaussée, ce qui peut avoir de grandes conséquences sur leur sûreté comme citoyens. Et quant aux marchands qui font de transactions en pleine rue, ils constituent une porte ouverte aux criminels », a expliqué le Dr Cadet qui dit croire que les mairies à elles seules ne peuvent résoudre ce double problème. » Il faut qu’il y ait des décisions venant des plus hautes autorités du pays », ajoute le Dr Cadet.
Négligence des autorités
S’il est vrai que l’insécurité est un souci quotidien, l’occupation des trottoirs n’a jamais été une préoccupation au niveau de l’Etat central comme l’avait souligné le Dr Cadet. Et les mairies qui se livraient dans la bataille contre les occupants illégaux ont fini par lâcher prise. La secrétairerie d’Etat à la sécurité publique, les mairies, la direction de la circulation et de la police routière se taisent à ce sujet et le problème s’aggrave.
Vant Bèf Info (VBI)