Haïti / Santé / Coronavirus Le réseau national des magistrats appelle à considérer le Covid-19 à sa juste valeur

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Le Réseau National des Magistrats Haïtiens invite les citoyens à considérer la pandémie du nouveau Coronavirus, qui a déjà fait trois morts en Haïti, à sa juste valeur. Le Covid-19 n’est pas le produit d’une pure fiction, soutient le RENAMAH dans une note.

Si le président Jovenel Moise a parlé de couvre-feu, le RENAMAH estime que rien de plus cohérent et coercitif n’est vraiment fait pour parer aux effets néfastes et si meurtriers de ce Covid- 19 qui terrifie encore tout le monde. Ses effets dévastateurs se répandent dans plus de 210 pays et territoires.

Vant Bef Info (VBI) vous propose l’intégralité de la note du RENAMAH

QUE PENSER DES INCIDENCES DU COVID-19 SUR LA JUSTICE EN HAITI !

Tout indéniable que dans toute société, la Justice ne regroupe que des agents aux plus grandes capacités de penser, les réflexions d’un magistrat doivent être nettement supérieures et plus fécondes que d’autres communs de mortel.

Devant une catastrophe mondiale qui menace la vie et le fondement même de l’humanité, un magistrat ne saurait pouvoir se croiser les bras, ni garder un mutisme complice ou suspect, encore afficher la moindre indifférence.

En réalité, après mon dernier texte sur le Covid-19, traitant des conséquences à court,  moyen, et long termes sur la politique, la démocratie, la migration, les pratiques culturelles et autres, j’entends bien me situer devant les données éminemment exponentielles du coronavirus.

Alors qu’un lecteur m’a fait le reproche de considérer le coronavirus comme le fléau le plus meurtrier du monde, j’y tiens encore pour le rythme si vertigineux que cette pandémie accuse à travers tous les coins et recoins du globe, et en un si court laps de temps.

On se rappelle vraiment le SARS, de naissance en Beijing, de novembre 2002 à juillet 2003 qui s’est étendu sur 29 pays de la planète pour 8.096 cas et 774 morts, le MERS, en 2012 qui, avec 2494 infectés, a pu tuer 858 personnes, le choléra, la grippe aviaire, etc…

Je suis à voir que dans seulement 24 jours, la République Dominicaine, par exemple, est passée de 2 cas, le 23 mars, à 2.759 cas et 135 morts, aujourd’hui, 11 avril.

Les données statistiques que je me suis donné la peine de collecter aux mêmes sources, chaque 15 minutes, me donnent :

1) 1.723.711 cas et

        104.829 morts

2) 1.725.846 pour

        104.901morts

3) 1.727.439 pour

        105.721morts

4) 1.727.506 cas

        105.722 morts

5) 1.765.500 cas

         108.042 morts

6) 1.767.000 cas

        108.135 morts

7) 1.771.558 cas

        108.334 morts

C’est pour dire qu’à chaque quart d’heure d’horloge, la situation du monde devient de plus en plus lamentable, sans aucune capacité de réduire le rythme d’expansion dans les différentes parties du monde qui accueillent chacune, son charriot de déboires, de la manière suivante, en commençant par la moins touchée :

Océanie : 7.702 cas

     .                60 morts

Australie 6.303 cas

                         56 morts

Nouvelle Zélande

                        1312 cas

                            4 morts

Afrique : 14.123 cas

.                        743 morts

Afrique du Sud

                        2.028 cas

.                           25 morts

Égypte 1939 cas

                         146 morts

Amérique du Sud

                47.422 cas

                  1.905 morts  

Brésil : 20.727 cas

                      1.124 morts

Équateur 7.257 cas

                          315 morts

Asie 286.644 cas

               10.588 morts

Chine : 81.953 cas

                       3.339 morts

Turquie : 52.167 cas

                     1.101 morts

Amérique du Nord :

           564.661 cas

             21.661 morts

États-Unis :

               528.992 cas

                 20.456 morts

New-York

                 180.458 cas

                    8.627 morts

Canada 23.195 cas

                         648 morts

Cuba : 620 cas

                        16 morts

Haïti : 33 cas

                      2 morts            

Europe 850.488 cas

                   73.364 morts

Italie : 152.271 cas

                    19.468 morts

Espagne : 161.852 cas

                    16.480 morts

France : 129.654 cas

                    13.832 morts                    

Plus d’un en est à scander l’accomplissement de la prophétie pour la fin du monde. Peu importe. Mais un fait saute aux yeux, la pandémie du coronavirus doit être considérée à sa juste dimension. Loin d’être le produit d’une pure fiction, ou même un simple spectacle au goût âcre,  elle mérite plutôt d’attirer sévèrement l’attention.

Les gouvernants des pays ne cessent quotidiennement d’imposer des mesures de prudence plus moins drastiques dans les pays où l’autorité de l’Etat n’est pas érodée. Mais pour nous, en Haïti, jusqu’ici, on ne sent que des mesures de surface ou à fleur de peau.

Les dirigeants, les politiques, la société civile, les directeurs d’opinion, et même le secteur privé, envahissent les médias. Le Président de la République a même parlé de couvre-feu. Mais rien de plus cohérent et coercitif n’est vraiment fait pour parer aux effets néfastes et si meurtriers de ce Covid- 19 qui terrifie encore tout le monde. Ses effets dévastateurs se répandent dans plus de 210 pays et territoires.

On dénote pourtant chez nous cette antinomie entre ce qui se dit et ce qui se fait.

On a parlé de 30 infectés depuis peu. Où sont-ils exactement ? En quarantaine chez eux ou ailleurs, dans un centre approprié ? Est-ce que les tests se multiplient de manière régulière ? Quelle conduite de circonstance a été tenue devant les 2 morts qu’on dit coronés dont une dame à Fort-Liberté, selon les réseaux sociaux parfois confrontés à des déficits de fiabilité, pour leur extrapolation méchante, et plus d’une fois, très tendancieuse, à l’œil nu ? Quelqu’un qui a besoin d’être examiné, qu’est-ce qu’il doit faire alors ?

On se perdrait vraiment dans toute une avalanche de questions pertinentes sans aucune réponse valable, alors que la pandémie poursuit sa course sans la moindre réversibilité. Aucun antidote valable n’est encore trouvé pour contrecarrer les rigueurs si pernicieuses de ce mal qui ne fait que semer le deuil et la panique.

Chez nous, c’est comme si on assistait à un véritable « jeu de qui perd gagne. » Le manque de sérieux qu’on semble y mettre pousse toute une catégorie à croire que les bruits de la presse sur le coronavirus en Haïti, c’est comme pour amuser la galerie, et comme si de rien n’était

A la vérité, sans se leurrer un peu, les magistrats ne sont pas de ceux qui souscrivent à pareille incrédulité.

La magistrature aurait été même visiblement attaquée quand on pense à des testés positifs recensés à l’intérieur même du système judiciaire. Des mesures de fermeture de tribunaux de paix seraient même imposées.

Pourquoi, les collègues- magistrats sont exhortés à la prudence extrême. Nous ne souhaiterions aucunement le départ prématuré de l’un de nos magistrats. Mais le mode de fonctionnement de nos tribunaux les expose déjà.

Souhaitons bien que notre Magistrature n’ait pas à trop pâtir de ce fléau macabre et dictatorial qui pourtant, ne résiste pas trop devant les mesures de prudence, d’hygiène, des soins de son corps en antibiotiques naturels  surtout, infusions chaudes à intervalles réguliers, et de distanciation appréciable, commandée par la délicatesse du moment.

Collègues-magistrats assis et debout,  redoublez de prudence ! Ne vous faites pas victimes de ce fléau rongeur si impitoyable. S’il vous faut avoir une quelconque audience, adoptez la conduite convenable, vous esquivant surtout de tout attouchement et de toute précipitation injustifiée et stérile.

Faites tout pour que l’assistance, dans le strict respect des 1m 50 de distance, ne dépasse pas les dix autorisés.

Toutefois, si le siège est plus ou moins facile en Première Instance dans ses audiences à Juge unique, on s’aperçoit aussitôt du fort taux de risque pour les magistrats des Cours qui n’ouvrent que suivant le principe de la collégialité. Et ce serait hautement sage de conseiller à ces plus âgés des Cours de ne point prévoir d’audience jusqu’à un nouvel ordre.

Les prisons doivent être absolument désengorgées. Des détenus qui croupissent en geôle depuis des semaines, des mois, des années, et plus d’une fois, pour des infractions, à l’œil nu, légères, voire des peccadilles, pourraient être renvoyés, rien que pour faciliter une distanciation plus raisonnable des autres condamnés qui ne pourraient pas vraiment bénéficier des largesses d’une grâce.

Agir ainsi rentrerait bien dans le cadre de la lutte intense et inévitable contre les rigidités excessives du covid-19 qui fait fléchir même les plus grands souverains de la planète, tout penauds devant cette décimation indiscutablement outrancière.

Me Fritznel HECTOR

Commissaire du gouvernement Près de la Cour d’Appel de Hinche.

Membre de la commission en charge de la spécialisation et de formation continue du Réseau National des Magistrats Haïtiens : RENAMAH