Dossier spécial : Humains, boues, animaux, maladies, font bon ménage sur la Place d’Italie

Getting your Trinity Audio player ready...

*Les réfugiés de la place d’Italie à Port-au-Prince expliquent leur calvaire face à leur situation qui devient de plus en plus exécrable. Espace boueux, des eaux stagnantes et puantes, les gens sont exposés à des risques de maladies hydriques dont la diarrhée, les infections, entre autres. Les déplacés ou les oubliés sollicitent l’aide de l’État et des bons samaritains*.

Port-au-Prince, le 19 septembre 2019.- Les récentes pluies qui se sont abbatues sur la Capitale a eu des conséquences néfastes sur les rescapés du massacre de La Saline qui se sont installés sur la place d’Italie, Bicentenaire, Port-au-Prince.  Entourés d’ordures et des eaux boueuses, les déplacés lancent un cri d’alarme aux autorités du pays.

Plusieurs mois après leur atterrissage sur la place d’Italie en vue de s’échapper des balles assassines des gangs armés de La Saline, ces réfugiés connaissent tous les maux du monde, malgré leur proximité avec le Palais Législatif, quartier général des Sénateurs et les Députés.

Sous des tentes de fortune, ces personnes sont poursuivies par des gangs de La Saline. » À longueur de journée, ils viennent nous persécuter jusqu’ici. Lundi dernier, dans la matinée, ils ont débarqué sur le site et ont incendié plusieurs abris. Pour le moment, les propriétaires de ces abris dorment sous un arbre », se plaint une quinquagénaire qui a perdu une jeune fille de 18 ans et un jeune garçon de 21 ans lors du massacre de La Saline au micro du reporter de Vant Bèf Info (VBI) dépêché sur place.

*Insalubrité sur la place, les gens sont exposés aux maladies*

Sur la place d’Italie, la situation sanitaire des déplacés laisse à désirer. Entre des eaux stagnantes et les ordures  empilées sur la place, ces personnes sont exposées à des maladies hydriques.

La place est boueuse, puante, délavée par les purins. Les conditions d’habitation y sont exécrables.

« Il n’y a pas d’accès à l’eau potable, pas d’assainissement sur la place. Nous sommes exposées à des infections vaginales et bon nombre d’entre nous sont déjà infectées, nos enfants font face à des cas de diarrhées », ont fulminé des femmes qui vivent sur la place.

Cette situation n’est pas différente pour les hommes. Selon certains jeunes garçons, ils font face aussi à ce problème d’infection qui menace les déplacés de La Saline. Certains d’entre eux ont des problèmes dermatologiques à cause de la qualité de l’eau qu’ils utilisent. Selon leurs déclarations au reporteur de Vant Bèf Info (VBI), ils s’en servent des eaux d’un égout situé à la place Géffrard  utilisées couramment pour laver les voitures.

La direction nationale d’eau potable et d’assainissement (DINEPA) leur approvisionnait en eau dans le temps. Quoique insuffisante, ils s’arrangeaient quand même. Pour le moment, ils ne reçoivent plus cette substance naturelle qui n’est pas disponible au coeur du centre-ville de Port-au-Prince. Parfois, pour pallier cette situation, ils paient un récipient ayant la capacité de 5 gallons à 25 gourdes, selon leur déclaration.

*Abandonnés par les autorités, les déplacés attendent les prochaines joutes électorales*

Abandon, désespoir, tels sont les marques visibles qu’on puisse retrouver sur les visages des jeunes de la place d’Italie. Mais malgré tout, ils attendent les prochaines élections où les politiciens traditionnels viendront à leur rencontre pour solliciter leurs votes. « Au moment des compétitions électorales, ils seront chahutés au Bicentenaire s’ils viennent à nous avec des discours charmants pour solliciter nos votes », ont martelé des jeunes très remontés.

Un massacre a eu lieu à La Saline (quartier populaire de Port-au-Prince), dans la soirée du 13 novembre 2018 et en avril 2019. Plusieurs dizaines de victimes ont été recensées, selon les enquêtes de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et le nom du délégué départemental de l’Ouest,   Joseph Pierre Richard Duplan et celui du directeur général du ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales Fednel Monchery sont cités comme auteurs intellectuels de ces actes.

Vant Bèf Info (VBI)