Femmes haïtiennes en République dominicaine : une vie de souffrances et d’humiliations

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Enceintes, allaitantes ou simplement en quête de survie, des milliers de femmes haïtiennes subissent chaque jour des violences inouïes en République dominicaine. Dans un communiqué alarmant publié ce jeudi, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) dresse un tableau accablant de la situation : expulsions brutales, détentions inhumaines, séparations familiales, violences sexuelles. Une spirale d’humiliations et de souffrances infligées dans l’indifférence quasi générale.

Port-au-Prince, 15 mai 2025 – Depuis le durcissement de la politique migratoire dominicaine le 2 octobre 2024, quelque 10 000 migrants haïtiens sont expulsés chaque semaine, souvent sans procédure légale. Le GARR dénonce notamment le traitement réservé aux femmes enceintes, ciblées avec une violence particulière. Le 23 avril dernier, des agents de la migration ont fait irruption dans plusieurs maternités pour expulser des femmes sur le point d’accoucher. Certaines ont été arrachées à leurs lits d’hôpital, parfois séparées de leurs nourrissons, puis reconduites à la frontière.

Des conséquences tragiques et évitables

La peur de l’arrestation pousse désormais de nombreuses femmes à renoncer aux soins, même en urgence. À El Seibo, Lourdia Jean Pierre, une migrante enceinte, est morte chez elle le mois dernier, refusant de se rendre à l’hôpital pour accoucher. Ce n’est pas un cas isolé. Le GARR rappelle que depuis 2021, plusieurs femmes ont été expulsées dans des conditions similaires. Parmi les cas les plus choquants : Saint Mira Millien, 23 ans, morte le 4 juillet 2024 lors d’une expulsion à Belladère ; ou encore cette fillette de 14 ans, violée par un agent migratoire le 5 avril dernier à l’aube, lors d’une descente dans une maison haïtienne.

À l’aéroport Las Americas, le 22 septembre 2023, une femme haïtienne a été violée sous les yeux de son fils de quatre ans. Pour le GARR, ces crimes ne sont que la partie visible d’une violence systémique faite aux migrantes haïtiennes, entre harcèlement, humiliations, et traitements dégradants.

Des droits piétinés, une économie exploitée

Si le GARR reconnaît à la République dominicaine le droit de gérer ses frontières, il rappelle que le respect des droits humains est non négociable. L’organisation rejette la rhétorique accusant les Haïtiens de surcharger les services sociaux dominicains, soulignant au contraire leur contribution essentielle à l’économie locale, notamment dans l’agriculture, la construction et le tourisme.

Silences diplomatiques et impuissance d’État

Le GARR déplore la passivité des autorités haïtiennes face à cette crise humanitaire. Aucun communiqué officiel, aucune mesure diplomatique, aucune initiative concrète. L’État haïtien, selon l’organisation, trahit son peuple par son silence. Elle l’appelle à rétablir la sécurité et les services de base en Haïti, afin que les femmes n’aient plus à franchir la frontière pour accoucher.

Pendant que la République dominicaine intensifie ses expulsions, la diplomatie haïtienne semble en léthargie, sans dénonciation ni stratégie apparente. Une inaction que le GARR juge aussi grave que les abus dénoncés.

Wideberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)

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