Haïti – Prisons : quand l’incarcération devient une peine capitale

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En Haïti, la détention préventive se transforme trop souvent en condamnation à mort lente. Face à la dégradation alarmante des conditions de détention, les prisons haïtiennes apparaissent désormais comme des zones de non-droit où règnent la faim, la maladie, et l’oubli.

Port-au-Prince, le 12 mai 2025 –

Les établissements pénitentiaires sont surpeuplés et sous-administrés. À la prison civile du Cap-Haïtien, prévue pour 400 détenus, plus de 900 personnes s’entassent dans des cellules insalubres. Une grande majorité d’entre elles attendent encore leur procès, parfois depuis plus de cinq ans. Faute de place, les détenus dorment à tour de rôle, privés d’eau potable et d’air.

La situation n’est guère différente à Port-au-Prince, où la montée de l’insécurité pousse les autorités à déplacer des détenus vers des centres déjà surchargés. Ce sombre tableau saute aux yeux au commissariat de Delmas 33, où la misère est criante, palpable .

L’alimentation, réduite à sa portion la plus dérisoire, est devenue un luxe. Dans certaines prisons, les rations cessent d’être distribuées pendant plusieurs jours. Les visites familiales, souvent vitales, se font rares, freinées par
l’insécurité généralisée.

Le système sanitaire est inexistant. Le Choléra, la tuberculose, la malnutrition ce sont entre autres maladies dont souffrent certains détenus , d’autres sont exposés au quotidien dans leur cellule, faute de soins médicaux.

Face à ce drame humanitaire, les autorités peinent à réagir. Les tentatives de réforme se heurtent à une justice paralysée et à une administration pénitentiaire dépassée. Les organisations de défense des droits humains, telles que le RNDDH, brillent par leur silence. Le système carcéral haïtien peut être perçu comme le reflet d’un État défaillant, où même la privation de liberté devient une menace pour la vie.

Dans ce contexte, nombreuses sont les voix qui réclament une réforme urgente . Dans la foulée, elles réclament la libération des détenus sans jugement, l’amélioration des conditions de détention, bref, la réorganisation du système judiciaire. Car dans un véritable État de droit, la prison ne doit se transformer en peine de mort, indigne de l’homme haitien.

Jean Gilles Désinord

Vant Bèf Info (VBI)

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