RTNH en crise : contrats flous, fonds introuvables, le SEME réclame justice

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Environ deux mois après la nomination d’une commission de restructuration à la tête de la RTNH, dirigée par Sandra Duvivier, le Syndicat des Médias d’État (SEME) est sorti de son silence. Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 6 mai 2025, ses représentants ont tiré la sonnette d’alarme face à ce qu’ils qualifient de « gabegie administrative » et ont salué la décision de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) d’ouvrir une enquête sur la gestion de l’ancienne administration dirigée par Gamall Augustin et Harlem Michel.

Le secrétaire général du SEME, André Frasmé, a vivement dénoncé les dérives observées sous l’ancienne direction. Selon lui, 39 millions de gourdes destinées à l’achat de carburant se seraient « évaporées », tandis que 40 millions de gourdes allouées aux cartes de débit des employés font l’objet d’une gestion opaque. Les fonds du mois d’octobre, notamment, seraient toujours introuvables.

M. Frasmé a également interpellé la nouvelle équipe de gestion, l’enjoignant à réagir rapidement. Il exige que toute la lumière soit faite sur une série de contrats jugés opaques, signés par Gamall Augustin avec des entreprises comme Digicel, Natcom et Canalsat.

« Si, d’ici la fin de la semaine, aucune clarification n’est apportée concernant ces contrats juteux, nous empêcherons ces compagnies d’alimenter leurs antennes installées dans l’enceinte de la RTNH », a-t-il averti.

De son côté, la secrétaire générale adjointe du syndicat, Nancy Arcelin Marie, a exprimé son insatisfaction face à la lenteur de la commission de restructuration. Elle appelle à des mesures urgentes pour redresser la RTNH et en finir avec la corruption qui mine l’institution.

« Il faut stopper les dérives. Nous recommandons à la commission d’agir avec urgence et de soutenir activement les efforts de l’ULCC », a-t-elle insisté.

Mme Arcelin a également réclamé la protection des droits fondamentaux des employés, ainsi que des éclaircissements sur plusieurs postes de dépenses : près d’un million de gourdes allouées aux stagiaires, et 3,25 millions de gourdes mensuelles pour le carburant — alors même que plusieurs sites régionaux ne sont plus fonctionnels.

Pour sa part, Me Marc Dorvil, qui accompagne le SEME dans sa démarche, a exhorté l’ULCC à traiter ce dossier avec diligence.

« Nous saluons l’initiative de l’ULCC. Les signes de corruption et de vandalisme sont visibles au sein de la RTNH : pas de caméras, pas de matériel pour assurer les routines de diffusion, la situation est sombre », a-t-il souligné.

Le SEME exige des comptes et appelle à une réforme en profondeur de l’institution nationale de radiodiffusion. Pour le syndicat, il ne s’agit plus seulement de réparer, mais de rebâtir une RTNH véritablement au service du public et de l’éthique, après plus de dix ans de gestion jugée désastreuse par l’ancienne direction.

Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)

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