Haïti – Sécurité : Jean Rebel Dorcénat dément les accusations à son encontre, précise son rôle au sein de la CNDDR

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Invité sur les ondes de la Radio Télévision Caraïbe ce lundi, Jean Rebel Dorcénat, ancien porte-parole de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR), a réagi aux récentes accusations formulées contre lui par Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau
national de défense des droits humains (RNDDH). Il a tenu à clarifier sa position et défendre l’action de la CNDDR.

Port-au-Prince, 5 mai 2025 —
Dans une correspondance adressée au Conseil présidentiel de Transition (CPT), Pierre Espérance accuse Dorcénat d’entretenir des liens étroits avec des figures clés de la criminalité organisée, notamment des chefs de gangs affiliés à la coalition « Viv Ansanm », dirigée par Jimmy Chérizier, alias « Barbecue ».
Suite à ces allégations, Dorcénat rappelle que la CNDDR, créée le 11 mars 2019 sous l’impulsion du président Jovenel Moïse, avait pour mission d’engager le dialogue avec les détenteurs d’armes en vue d’apaiser les tensions et réduire la violence armée. Composée de neuf membres répartis selon les axes de désarmement, démantèlement et réinsertion, la commission a mené des interventions dans plusieurs quartiers sensibles, notamment Wharf Jérémie, Delmas 2, Tokyo et Martissant.
« Le mandat de la CNDDR visait clairement le dialogue avec les personnes armées. Il ne s’agissait en aucun cas d’interagir avec des civils non impliqués dans les violences », a précisé l’ancien porte-parole.
Il a également évoqué les efforts de médiation mis en place à l’époque, comme la création de comités locaux pour la paix, rassemblant des représentants de divers quartiers. Dorcénat insiste, cependant, sur le fait qu’il n’a jamais participé à la création du groupe armé G9, ni noué de relations personnelles avec ses membres.
« Je ne suis ni le fondateur du G9, ni un proche de ses membres. Pendant que l’État restait passif, les armes circulaient librement et les affrontements se multipliaient sans réponse adéquate », a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Dorcénat a rappelé que la CNDDR, en partenariat avec le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), avait produit un rapport exhaustif de 450 pages, détaillant les causes de la vulnérabilité des quartiers ainsi que les mécanismes de ravitaillement des groupes armés, en plus de proposer des pistes de solution concrètes.
Il a catégoriquement nié s’être rendu au domicile de Barbecue. « Je ne me suis jamais déplacé pour rencontrer ce chef de gang. Les rares échanges que j’ai pu avoir avec certains d’entre eux se sont faits par téléphone, strictement dans le cadre de mes fonctions », a-t-il précisé.
Réagissant à l’idée que la CNDDR aurait cherché à structurer ou unir les gangs, Dorcénat se montre ferme : « Ce sujet n’a jamais été à l’ordre du jour de la commission. Ceux qui propagent cette rumeur cherchent à me discréditer politiquement. »
Enfin, il a qualifié de diffamatoires, les accusations de Pierre Espérance, tout en insinuant que ce dernier ferait lui-même l’objet de controverses. Il a rappelé que la République dominicaine aurait récemment imposé des sanctions à l’encontre de ce dernier en raison de ses présumés liens avec des groupes armés opérant en Haïti.
La tension est palpable entre ces deux hommes, la hache de guerre est loin d’être enterrée.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)