Artibonite : 13 000 déplacés à Petite-Rivière, pris en étau entre gangs armés et silence des autorités
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Environ 13 000 personnes ont été contraintes d’abandonner leurs foyers à Petite-Rivière de l’Artibonite, à la suite d’une vague de violences attribuées au gang armé « Gran Grif ». Ce chiffre, confirmé par l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), témoigne de l’ampleur du drame humain en cours. Ce nouveau déplacement de population, survenu depuis le début de l’année 2025, illustre l’expansion territoriale des groupes criminels bien au-delà de la capitale haïtienne.

Petite-Rivière de l’Artibonite,e 5 mai 2025 – Réfugiées dans des localités voisines, les familles déplacées vivent dans des conditions précaires, hébergées tantôt chez des proches, tantôt chez des inconnus. Les communautés hôtes, elles-mêmes affectées par la pauvreté et l’insécurité, peinent à subvenir à leurs besoins et à ceux des nouveaux arrivants.
Basé à Savien, le gang « Gran Grif » multiplie les attaques dans la région. Le 11 février, une incursion particulièrement violente dans la localité de Lavèdi a semé la panique. Plusieurs maisons ont été incendiées, forçant les habitants à fuir sans préavis. Malgré quelques interventions de la Police nationale d’Haïti (PNH), appuyée par la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS), les bandes armées continuent d’opérer en toute impunité.
La situation sur le terrain est alarmante. Les écoles restent fermées, les centres de santé débordés, l’insécurité alimentaire progresse, et le soutien psychologique fait cruellement défaut. Le Groupement des Jeunes Visionnaires pour le Développement (GROUPJEVIDEV) a dénoncé l’inaction des autorités, réclamant une réponse rapide et coordonnée.
Face à l’urgence, certaines ONG tentent d’intervenir. L’organisation Acted a pu fournir une assistance financière ponctuelle à plus de 200 familles. Mais les moyens mobilisés restent dérisoires face à l’ampleur des besoins. L’accès humanitaire demeure extrêmement difficile en raison de l’insécurité ambiante.
La crise qui secoue Petite-Rivière de l’Artibonite n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une dégradation généralisée de la sécurité en Haïti, où les gangs imposent leur loi jusque dans les zones rurales. En l’absence d’une réponse politique forte et d’une stratégie de sécurité cohérente, des milliers de familles risquent de rester abandonnées, livrées à la violence et à la précarité.
Martino Cadet
Vant Bèf Info (VBI)