Haïti : Viv Ansanm et Gran Grif classés comme organisations terroristes par les États-Unis – Analyse de Pierre Antoine Louis

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Les États-Unis ont officiellement désigné les groupes armés haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif comme organisations terroristes étrangères, une décision qui pourrait avoir d’importantes répercussions sur la sécurité et la diplomatie en Haïti, suivant l’analyse du diplomate de carrière Pierre Antoine Louis contacté par la rédaction de Vant Bèf Info.

Washington, le 2 mai 2025 –
Cette classification interdit désormais tout contact entre ces groupes et des individus ou entités américaines, qu’il s’agisse de transferts financiers, de soutien logistique ou de toute autre forme de coopération.

L’avocat et politologue Pierre Antoine Louis souligne que cette mesure aura des effets immédiats : les membres de ces gangs se retrouvent coupés de toute interaction avec les États-Unis. Certains, comme le chef de gang Yonyon, déjà détenu sur le sol américain, pourraient être transférés vers des centres de détention spécialisés, notamment en Amérique centrale. Par ailleurs, Washington pourrait inciter ses alliés à adopter une approche similaire, dans le but d’isoler davantage ces organisations.

Sur le plan politique, cette décision est perçue comme un signal fort en faveur de l’assèchement des ressources des groupes armés. Toutefois, Pierre Antoine Louis met en garde contre les conséquences secondaires. Il rappelle que la fermeture de l’aéroport international de Port-au-Prince depuis les attaques du 11 novembre 2025 aggrave l’isolement du pays. Des compagnies d’assurances pourraient refuser d’assurer les vols vers Haïti, compliquant davantage les échanges commerciaux et les liaisons internationales. Cet aspect précis donne de la sueur froide, car personne ne sait à quand la réouverture probable de l’aéroport Toussaint Louverture.

Si des mesures similaires ont été prises ailleurs en Amérique latine, en Colombie, au Salvador ou au Mexique, ces pays disposent de forces de sécurité solides pour faire appliquer la loi. Haïti, en revanche, reste confrontée à une profonde crise institutionnelle et à une police débordée, en témoigne l’avancée des gangs armés vers d’autres territoires.

Pour Pierre Antoine Louis, cette désignation américaine équivaut à un désaveu cinglant de la justice haïtienne et de l’État dans son ensemble. Il critique vertement les dirigeants politiques, notamment la Présidence, accusée d’avoir augmenté son budget alors que les forces de l’ordre manquent cruellement de moyens pour faire face aux groupes armés.

En conclusion, même si cette mesure peut satisfaire une partie de l’opinion publique, elle ne s’accompagne d’aucun soutien opérationnel à Haïti. Les États-Unis n’envisagent pas d’intervention directe, laissant le pays livré à lui-même dans une spirale de violence qu’aucune stratégie gouvernementale ne semble en mesure d’enrayer.

Jean Allens Macajoux

Vant Bèf Info (VBI)

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