Crise : Haïti face à une menace sanitaire grandissante

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Alors que l’insécurité s’installe durablement dans le pays, le système de santé haïtien s’effondre dans l’ombre. Hôpitaux fermés, pénurie de financements étrangers et résurgence de maladies évitables témoignent d’une crise sanitaire qui s’aggrave jour après jour.

Port-au-Prince, 30 avril 2025 – Depuis mars, les autorités sanitaires haïtiennes constatent une hausse préoccupante des cas de choléra dans plusieurs régions, notamment dans l’Ouest et l’Artibonite. Entre inondations, insalubrité généralisée et déplacements massifs de populations, les conditions propices à une flambée épidémique sont réunies. À Port-au-Prince, les quartiers abritant des camps de déplacés voient les cas se multiplier, révélant les limites d’un système de santé incapable d’assurer les besoins sanitaires de base.
Dans un rapport couvrant la période du 13 au 22 avril, la Direction Sanitaire de l’Ouest (DSO) du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) fait état de la situation dans plusieurs centres de traitement du choléra (CTC), notamment à Cité-Soleil, Tabarre, Croix-des-Bouquets, Carrefour et Arcahaie.
À Cité-Soleil, le Centre Hospitalier Fontaine a accueilli cinq nouveaux cas suspects durant cette période. Deux patients y étaient encore hospitalisés, alors que 27 lits sont disponibles. À Tabarre, l’hôpital Saint Luc signalait huit lits occupés sur dix. À l’inverse, aucun cas n’a été enregistré à l’hôpital Raoul Pierre Louis de Carrefour, traduisant une accalmie temporaire dans cette zone.
Un centre anti-tuberculose à l’arrêt, les soins VIH/SIDA en péril
L’hôpital Sanatorium de Carrefour-Feuilles, unique centre public dédié au traitement de la tuberculose, est hors service depuis plusieurs mois. Situé dans un secteur sous le contrôle de groupes armés, l’établissement a été vidé de son personnel et de ses patients. Nombre de malades se retrouvent désormais sans traitement, augmentant les risques de transmission de la maladie.
La crise s’aggrave avec la suspension de l’assistance américaine via l’USAID, amorcée sous l’administration Trump. Résultat : près de 35 000 personnes vivant avec le VIH ont vu leur traitement interrompu. Faute de moyens, plusieurs centres de santé ne parviennent plus à fournir les antirétroviraux nécessaires à la survie de ces patients.
L’insécurité croissante et le manque de ressources ont également conduit de nombreux professionnels de santé à quitter les établissements médicaux. Dans le département du Centre, les attaques sur Mirebalais et Saut-d’Eau ont provoqué la fermeture de plusieurs structures, y compris celle de l’Hôpital Universitaire de Mirebalais (HUM). Dans la capitale, seuls les patients disposant de moyens financiers peuvent encore accéder aux services de certaines cliniques privées.
Dans ce climat de chaos, les risques d’épidémies généralisées augmentent plus vite que les capacités de riposte. Pendant que les indicateurs sanitaires se détériorent, l’Organisation mondiale de la Santé et le Ministère de la Santé dressent un constat alarmant, sans qu’aucune amélioration ne se profile à l’horizon.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)