Entre territoires perdus, vendus, livrés ou « nap bay li jan blan an mandel la » : qui dit vrai ?

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Des zones entières tombent aux mains des groupes armés pendant que le pouvoir central reste silencieux. La population ne fait que subir l’atrocité de ces derniers. Face à ce vide, trois récits circulent. Certains disent que le pays a été vendu. D’autres soutiennent que les bandits s’emparent des territoires. Et d’autres encore affirment que c’est l’État qui les leur livre. Ces hypothèses se répandent dans les rues, sur les ondes, sur les réseaux sociaux, dans les marchés et surtout dans les transports en commun.

Port-au-Prince, le 29 avril 2025. –

Ce n’est pas seulement une opinion, mais plutôt le reflet d’un désespoir généralisé. Tandis que les groupes armés progressent, des quartiers sont vidés puis contrôlés. Aucune autorité ne rend de comptes. Les dirigeants ne tentent même pas de reprendre le moindre espace. Ce vide alimente toutes les spéculations.

Pour beaucoup, le pays est bradé en silence. Ils estiment que des alliances sont nouées entre des acteurs politiques, économiques et des groupes armés. Cette idée repose sur l’opacité totale de l’action publique. Quand le pouvoir central ne protège pas, ne s’exprime pas et ne combat pas, l’hypothèse de la vente devient crédible.

D’autres pensent que l’État a tout simplement échoué. Il a perdu le contrôle, par manque de moyens, de stratégie et de volonté. Les postes de police sont abandonnés. Les forces de sécurité sont dépassées. La population est livrée à elle-même. Dans cette lecture, c’est l’incapacité qui explique tout. Les autorités sont simplement incompétentes.

La dernière hypothèse, la plus grave, suggère que les autorités auraient volontairement livré certaines zones. Cela pourrait être pour conclure des accords informels ou pour affaiblir des zones jugées incontrôlables en période électorale. Certains avancent même l’idée qu’il existerait des ressources rares à exploiter. Il faut rappeler qu’un territoire sous contrôle armé est aussi un territoire sans opposition. Là encore, le silence de l’État vient nourrir cette lecture.

Un silence des autorités qui confirme le doute

Dans l’opinion publique, plusieurs tendances dominent. Un sentiment d’abandon s’impose, où le pouvoir est perçu comme impuissant, voire complice. On ressent également de la colère face à la perte des territoires. Les autorités affichent une image de négligence : au lieu d’agir, elles laissent faire. Elles ne démentent aucune rumeur et ne se battent pas pour reprendre ce qui est perdu.

Ce silence devient une posture. C’est une forme de gestion de la crise par l’inaction. Il convient de souligner qu’avant l’arrivée de ces dirigeants, certaines zones tenaient encore. Aujourd’hui, presque plus rien ne résiste. L’État central agit comme s’il n’avait qu’une seule mission : livrer, par incompétence, par calcul ou par intérêt. Tant qu’il se tait et n’agit pas, toutes les versions resteront valables. Et ce doute continue de ronger ce qui reste de la nation.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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