Port-au-Prince coupée du monde : l’aéroport Toussaint Louverture toujours fermé malgré la concentration des forces de sécurité

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Cinq mois après la suspension des vols commerciaux à l’aéroport international Toussaint Louverture, le pays reste enclavé. Pourtant, toutes les principales unités de sécurité – DCPJ, SWAT, BIM, FAD’H, MMSS et autres – sont déployées à Clercine. Malgré cette présence massive, aucune stratégie concrète n’a permis de sécuriser les abords de l’aéroport, illustrant la gravité de la crise sécuritaire et l’inaction persistante de l’État.

Port-au-Prince, le 29 avril 2025 – Depuis novembre 2024, plus aucun avion de ligne ne décolle ni n’atterrit à Port-au-Prince. Cette interruption a été provoquée par une attaque armée qui a visé un appareil de Spirit Airlines, poussant les compagnies étrangères à suspendre leurs dessertes. La capitale haïtienne est depuis coupée du trafic aérien international, aggravant l’isolement du pays.
Des itinéraires risqués et inaccessibles
L’aéroport du Cap-Haïtien reste le seul point d’accès aérien opérationnel. Mais pour y parvenir depuis la capitale, les voyageurs doivent traverser des zones contrôlées par des groupes armés. Certains optent pour l’hélicoptère – une option à plus de 3 000 dollars américains, hors de portée pour la majorité. D’autres empruntent un parcours terrestre long et périlleux, désormais rendu impossible après l’attaque de Mirebalais le 31 mars dernier.
Des hélicoptères détournés à des fins officielles
Tandis que la population reste bloquée, les membres du gouvernement et du Conseil présidentiel de transition utilisent les hélicoptères offerts par Taïwan pour leurs déplacements. Prévu initialement pour des missions humanitaires, ce transport est désormais accaparé par les autorités, notamment pour relier Cap-Haïtien.
Une capitale totalement enclavée
Au-delà de la fermeture de l’aéroport, c’est tout un pays qui s’enfonce dans l’isolement. L’aide humanitaire est retardée, les investisseurs se retirent, et les citoyens désespèrent. Les routes stratégiques sont toujours sous le contrôle de gangs armés, rendant tout déplacement hasardeux.
Une absence de réponse aux exigences de la FAA
Depuis les attaques contre des avions commerciaux en novembre, la Federal Aviation Administration (FAA) a suspendu tous les vols vers Port-au-Prince. Pour lever l’interdiction, l’agence américaine exige notamment la sécurisation d’un périmètre de 18 kilomètres autour de l’aéroport. Une condition encore loin d’être remplie.
Malgré la présence des forces de sécurité, aucune opération de « stérilisation » sérieuse n’a été entreprise. Cette inertie est perçue comme un signe clair de l’absence de volonté politique pour rétablir la connectivité du pays.
Un appel à l’action
Alors que des vols charters privés continuent d’opérer à des prix inabordables, la majorité de la population reste piégée. La société civile et les instances internationales réclament des mesures urgentes : réouverture de l’aéroport, sécurisation des routes et restauration de l’autorité de l’État. Faute d’action rapide, Port-au-Prince restera une capitale fantôme, coupée du monde et abandonnée à son sort.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)