Plus de la moitié de la population plongée dans une insécurité alimentaire alarmante, selon l’ACF
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Dans un communiqué publié ce 28 avril 2025, l’organisation Action contre la Faim (ACF) tire la sonnette d’alarme : plus de la moitié de la population haïtienne est confrontée à des niveaux critiques d’insécurité alimentaire. Cette situation est provoquée par la violence des groupes armés et l’effondrement économique du pays. Selon la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), environ 5,7 millions d’Haïtiens se trouvent en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Port-au-Prince, le 28 avril 2025.–
Parmi eux, plus de 8 400 déplacés internes vivant dans des camps précaires subissent une faim catastrophique, classée en phase 5 de l’IPC, soit le niveau le plus élevé sur l’échelle mondiale de gravité. De plus, 2,1 millions de personnes, soit 19 % de la population, sont classées en phase 4, dite phase d’urgence, tandis que 3,6 millions d’autres, soit 32 %, se trouvent en phase 3, appelée crise.
L’ACF souligne que cette détérioration résulte de plusieurs facteurs. La recrudescence des violences armées, notamment à Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite, a entraîné des déplacements massifs. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de déplacés internes a atteint 1,04 million en décembre 2024, soit une augmentation de 48 % par rapport à juin 2024.
La violence affecte également les moyens de subsistance. L’effondrement des secteurs formel et informel, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et l’inflation galopante, qui a atteint 30 % en février 2025, ont réduit l’accès des ménages à l’alimentation. La flambée des prix des produits de première nécessité aggrave encore la situation.
Par ailleurs, le retrait progressif de l’aide humanitaire aggrave la crise. Entre août 2024 et février 2025, environ 977 000 personnes recevaient chaque mois une assistance alimentaire. Toutefois, depuis mars 2025, faute de financements suffisants, de nombreux projets ont été suspendus.
« Depuis mars 2025, le financement n’est plus garanti alors que la moitié de la population souffre de la faim », alerte Martine Villeneuve, directrice d’Action contre la Faim (ACF) en Haïti.
Face à l’urgence, l’ACF concentre ses efforts sur les sites de déplacés et les zones affectées par les violences, notamment à Port-au-Prince et dans le nord de l’Artibonite. L’organisation fournit des services de santé et de nutrition intégrés, notamment via des cliniques mobiles destinées aux populations les plus isolées.
L’ACF appelle à la préservation de l’espace humanitaire et au respect du droit humanitaire international afin de garantir l’accès aux personnes en détresse. L’organisation rappelle également que ses programmes multisectoriels, déployés dans plusieurs départements, ont permis d’apporter une assistance à plus de 170 000 personnes en 2024.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)