Vers une pénurie de carburant à Port-au-Prince : le marché noir prend automatique le relais

Getting your Trinity Audio player ready...

Alors que la majorité des stations-service demeurent fermées, un marché noir de carburant s’organise activement dans les rues de Port-au-Prince. Des bidons surgissent à tous les coins, incarnant un système parallèle de distribution en pleine expansion.

Port-au-Prince, le 22 avril 2025 — Une crise grandissante s’installe dans la capitale, confrontée à une pénurie aiguë de carburant.
Les rares stations encore opérationnelles sont envahies, non par des automobilistes, mais par des revendeurs informels venus remplir des récipients destinés à la revente.

Des centaines de milliers de gallons livrés, mais les pompes restent à sec

Le lundi 21 avril, le terminal pétrolier WINECO, basé au Terminal Varreux, a annoncé le chargement de 89 camions-citernes. D’après les données publiées, 430 589 gallons d’essence et 320 879 gallons de diesel ont été livrés. Pourtant, le carburant demeure introuvable via les canaux officiels.

Cette rareté alimente la spéculation. « On ne peut pas acheter de l’essence dans les stations, il n’y a que des bidons », se désole un chauffeur de tap-tap immobilisé depuis plusieurs jours.

Une économie parallèle en plein essor

Dans divers quartiers de la capitale, des vendeurs à la sauvette proposent ouvertement du carburant. Installés devant des maisons, dans des ruelles ou près des stations fermées, ils vendent l’essence au gallon. « Je vends de l’essence au détail », annonce un jeune vendeur à Delmas.

Un circuit logistique sous pression

La chaîne d’approvisionnement repose sur plusieurs intervenants : des entreprises privées assurent l’importation, le Terminal Varreux reçoit les cargaisons, Wineco se charge du stockage, et des transporteurs indépendants livrent aux stations. Cependant, l’insécurité, notamment sur les routes contrôlées par des gangs, paralyse le système. Nombreux sont les chauffeurs qui refusent de desservir certaines zones, entraînant ainsi des pénuries locales.

Silence des autorités et risques accrus

Face à cette situation alarmante, le gouvernement reste muet. Aucun plan de réponse concret n’est mis en œuvre, et le manque de coordination institutionnelle encourage le développement du marché noir. « Ce trafic est dangereux », prévient un pompier. « L’exposition prolongée des bidons au soleil peut provoquer des incendies. »

Entre insécurité, précarité économique et crise énergétique, les Haïtiens vivent une nouvelle période difficile. Le carburant devient un produit de luxe, et le quotidien, une lutte constante. Dans ce climat de désordre, les vendeurs informels imposent leur loi, gallon après gallon, au marché noir.

Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *