Conseil de sécurité de l’ONU – Haïti : le cri d’alarme d’une communauté internationale divisée

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New York – Réunie ce lundi 21 avril 2025, la communauté internationale, à travers le Conseil de sécurité des Nations Unies, s’est à nouveau penchée sur la crise haïtienne, dans un climat de plus en plus alarmant. Au menu des discussions : la situation sécuritaire d’Haïti, qualifiée par plusieurs délégations de « hors de contrôle », avec des mises en garde sur un « point de non-retour » si l’inaction persiste.

Des constats partagés, mais des approches divergentes
Tous les intervenants ont reconnu la gravité de la situation. Des chiffres glaçants ont été rappelés : 85 % de Port-au-Prince contrôlée par les gangs, plus de 2 600 morts en trois mois, et des milliers de déplacés internes supplémentaires. Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, peinent à enrayer la spirale de violence.
La représentante des États-Unis a insisté sur le besoin de soutien collectif, dénonçant l’ampleur des charges supportées par son pays. Elle a appelé les autres membres à une contribution accrue, dénonçant les complicités internes en Haïti qui alimentent le chaos.
Londres condamne les atrocités et exige l’application des sanctions
Le Royaume-Uni a mis en lumière les violences sexuelles et les crimes contre les civils, notamment les enfants. Son représentant a plaidé pour l’application rigoureuse des sanctions et de l’embargo sur les armes, jugés indispensables pour affaiblir les groupes armés.
Le Danemark a évoqué la possible chute totale de la capitale dans les mains des gangs, tandis que la Slovénie a exhorté à une action rapide pour soulager les souffrances de la population, appelant à un accès humanitaire sans entrave.
Moscou et Pékin pointent du doigt Washington
La Russie a dénoncé l’inefficacité de l’embargo et critiqué les États-Unis pour leur laxisme face au trafic d’armes, notamment en provenance de Floride. La Chine est allée plus loin, qualifiant les États-Unis de « cerveau du chaos », les accusant d’avoir impulsé un gouvernement de transition pour ensuite abandonner Haïti à son sort.
Des voix du Sud pour un soutien renforcé
Le Guyana, au nom de l’Algérie, de la Sierra Leone et de la Somalie, a exhorté à ne pas accepter le statu quo et à fournir à Haïti les moyens de se stabiliser. Le Panama a souligné la détresse de la population avec une formule percutante : « Quelle vie peut avoir quelqu’un qui craint pour sa survie ? »
Soulignant la perte de confiance envers les autorités de transition, Islamabad a plaidé pour une solution dirigée par les Haïtiens eux-mêmes, tout en appuyant le rôle central de la CARICOM dans ce processus inclusif.
La France soutient une mission de maintien de la paix
Présidant la séance, la France a réitéré sa volonté de voir les Nations Unies jouer un rôle de premier plan dans la stabilisation d’Haïti. Elle a évoqué la possibilité d’une future opération de maintien de la paix, en écho à une proposition du Secrétaire général de l’ONU.
En attente d’actions concrètes
Malgré l’unanimité sur l’urgence, les divergences persistent sur les modalités d’intervention et le partage des responsabilités. Pendant ce temps, la situation en Haïti continue de se détériorer, et les appels répétés à l’aide peinent à se transformer en actions tangibles.
« Il ne faut pas se contenter de compatir, il faut agir », a résumé un diplomate en marge de la réunion. Haïti, plus que jamais, attend des réponses claires et une solidarité concrète.
Wandy CHARLES
Vant Bef Info (VBI)