La mobilisation du 16 avril interrompue dans la confusion à Port-au-Prince

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Une nouvelle journée de mobilisation populaire a tourné court ce mercredi dans la capitale haïtienne. Des milliers de citoyens, descendus dans les rues pour dénoncer la dégradation de la situation politique, économique et sécuritaire du pays, ont été dispersés à la mi-journée par les forces de l’ordre. Une décision controversée du chef de brigade du quartier de Canapé-Vert, surnommé « Commandant Samuel », suscite depuis de vives réactions.

Port-au-Prince, le 16 avril 2025 – Dès les premières heures de la matinée, des cortèges ont été signalés dans plusieurs quartiers, notamment à Delmas, Lalue et Canapé-Vert. Munis de pancartes et scandant des slogans appelant à un changement de gouvernance, les manifestants réclamaient la fin de l’insécurité, l’amélioration des services publics, et l’organisation rapide d’élections crédibles.

« Nous sommes à bout. L’État ne nous protège pas, il nous abandonne. Nous voulons la sécurité, la justice et un avenir pour nos enfants », a déclaré un participant rencontré dans le cortège de Bourdon.

Mais vers midi, des heurts ont éclaté entre manifestants et agents de la Police nationale d’Haïti (PNH). Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule, provoquant un mouvement de panique dans plusieurs zones. Des témoins ont rapporté avoir entendu des détonations, sans pouvoir identifier leur provenance.

« On voulait juste faire entendre notre voix, mais on nous a répondu avec des tirs et des gaz », a témoigné un jeune homme, le visage couvert.

Dans ce climat tendu, le commandant de la brigade de Canapé-Vert, connu sous le nom de « Commandant Samuel », a appelé la population à évacuer les lieux. Dans une déclaration filmée largement relayée sur les réseaux sociaux, il a affirmé vouloir éviter un « bain de sang » et a accusé le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de vouloir saboter la mobilisation à l’aide d’un déploiement massif de forces armées.

« Si vos enfants tombent aujourd’hui, je serai meurtri. Le complot est clair : ils veulent vous faire taire par les balles », a-t-il lancé.

Cette prise de position, perçue par certains comme un geste de protection, est toutefois critiquée par d’autres. Des citoyens de la zone estiment qu’il s’agit d’une manœuvre politique visant à désamorcer le mouvement populaire. « On ne comprend pas pourquoi il a appelé au retrait alors que la mobilisation prenait de l’ampleur », a déclaré un riverain de Canapé-Vert.

Cette journée de mobilisation, rapidement écourtée, témoigne de la tension croissante dans le pays, où la population, épuisée par la violence des gangs et la crise humanitaire, cherche désespérément des voies pour se faire entendre.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)

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