Équateur : Daniel Noboa, entre victoire électorale et tourmente politique

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Daniel Noboa, président équatorien de 37 ans, vient de remporter une nouvelle victoire éclatante face à Luisa González. Malgré son jeune âge et son peu d’expérience politique, il s’impose comme une figure centrale d’un pays en proie à de multiples crises.

Le chef de l’État équatorien, Daniel Noboa, a franchi un nouveau cap politique. Ce dimanche, il a remporté haut la main le second tour de l’élection présidentielle face à la candidate de gauche Luisa González. Avec plus de 55 % des suffrages, contre 44 % pour son adversaire, Noboa a été proclamé vainqueur par les autorités électorales, évoquant une « tendance irréversible ».
Dans sa première déclaration, le président fraîchement reconduit n’a pas caché sa fierté :
« Cette victoire a été historique, une victoire de plus de 10 points, de plus d’un million de voix. Il n’y a aucun doute sur qui est le vainqueur. »
Il a également critiqué l’attitude de Luisa González, qualifiant de « pathétique » son refus de reconnaître les résultats.
Un président jeune et issu de la haute bourgeoisie
Fils de l’homme d’affaires milliardaire Álvaro Noboa — qui a tenté à cinq reprises d’accéder à la présidence — Daniel Noboa s’est imposé en politique malgré un parcours atypique.
Formé aux États-Unis, diplômé de plusieurs universités prestigieuses (New York University, Harvard, George Washington), il ne comptait que deux années au Parlement avant d’accéder à la tête du pays en novembre 2023, à seulement 35 ans.
Son arrivée au pouvoir faisait suite à la démission anticipée de Guillermo Lasso, dans un contexte institutionnel tendu. Depuis, Noboa gouverne dans la tourmente.
Sécurité : l’enjeu prioritaire
Le président a instauré dès janvier 2024 un état de « conflit armé interne », après une série d’attaques menées par des gangs, notamment l’irruption d’hommes armés dans les locaux de la chaîne TC Télévision. Il a aussi réagi à la spectaculaire évasion d’Adolfo Macías, alias « Fito », l’un des chefs criminels les plus redoutés du pays.
Pour rétablir l’ordre, il mise sur la coopération entre l’armée et la police, la construction d’une prison de haute sécurité, et la collaboration internationale avec les États-Unis, l’Italie et Israël.
Une diplomatie controversée
Mais ses méthodes suscitent aussi des tensions. En avril 2024, l’incursion de la police équatorienne dans l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter l’ex-vice-président Jorge Glas — condamné pour corruption — a provoqué une rupture des relations diplomatiques avec le Mexique. Une crise qui a valu à Noboa de nombreuses critiques à l’échelle internationale.
Un mandat rythmé par les crises
En parallèle, Noboa a dû faire face à une crise énergétique sans précédent. À l’automne 2023, des coupures de courant de 14 heures par jour ont paralysé le pays. En cause : une sécheresse historique, selon le gouvernement. Mais plusieurs experts ont dénoncé une absence de planification et de stratégie.
Pour éviter que la situation ne se répète, le président a lancé un plan d’urgence incluant l’achat de générateurs thermiques et la modernisation des infrastructures existantes.
Une vision économique libérale
Sur le plan économique, Daniel Noboa prône la stabilité fiscale et l’investissement privé. Il entend relancer l’emploi par des incitations à l’investissement national et étranger. En parallèle, il promet de réhabiliter les hôpitaux publics et d’améliorer l’accès aux soins, un des points noirs de la gouvernance précédente.
Autre fait marquant : sa rupture avec la vice-présidente Verónica Abad. Peu après sa prise de fonction, Noboa l’a envoyée en mission diplomatique en Israël, puis l’a mutée en Turquie. Les raisons de cette mise à l’écart n’ont jamais été clairement exposées.
Daniel Noboa, malgré son jeune âge, semble bien décidé à marquer de son empreinte l’histoire politique équatorienne. Mais entre insécurité, crises diplomatiques, et gestion contestée de l’énergie, les défis qui l’attendent restent considérables. Le président, héritier d’un empire économique, veut désormais se faire une place durable dans l’arène politique.
La victoire est nette. Reste à savoir si elle s’accompagnera de résultats à la hauteur des attentes.
Yves Manuel
Vant Bèf Info (VBI)