Dans les camps, la gale fait ce que les gangs ont commencé : détruire les corps déplacés

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Dans l’obscurité des salles de classe transformées en abris de fortune, des corps se tordent, des ongles raclent des peaux irritées. Au Lycée Anténor Firmin, comme dans d’autres camps de déplacés de la capitale, la gale – surnommée localement « gratelles » – se propage à une vitesse alarmante. Et avec elle, une souffrance silencieuse, insupportable, qui vient s’ajouter à l’angoisse quotidienne de ceux qui ont tout perdu.

Port-au-Prince, 7 avril 2025 – Hector, ancien habitant de Carrefour-Feuille, n’en dort plus. Réfugié dans l’un des dortoirs bondés du lycée, il montre les marques rouges sur ses bras : « Ça gratte, ça brûle, ça ne s’arrête pas. Toute la nuit, on se gratte jusqu’au sang. »
Comme lui, des milliers d’autres vivent entassés au lycée Marie-Jeanne, à la Faculté de Linguistique Appliquée, ou encore dans les anciens locaux du ministère de la Communication. Chassés par les gangs armés, privés d’eau potable et d’hygiène de base, ils affrontent désormais une épidémie qui frappe sans distinction.
« Mon enfant a des plaies, mais je n’ai rien »
Jesusla, jeune mère, serre contre elle son garçon de trois ans dont les bras sont couverts de croûtes. « Le docteur nous a dit que c’était la gale, mais il n’a pas de crème. Et nous, on n’a pas d’argent. »
Le Dr Joaxhim, qui intervient pour une ONG locale, est inquiet : « On distribue des traitements, mais c’est une goutte d’eau. Tant que les conditions de vie ne changent pas, le problème ne fera qu’empirer. »
Un abandon sanitaire flagrant
L’épidémie de gale n’est pas seulement un problème médical : elle révèle l’ampleur du désespoir humanitaire. Les centres de santé, comme celui de Turgeau géré autrefois par Médecins Sans Frontières, sont fermés ou inaccessibles. Sans soins, sans suivis, les déplacés grattent leur détresse jour et nuit.
Gertrude, réfugiée dans les locaux de la FLA, ne cache plus sa colère : « On est abandonné. Il n’y a pas de savon, pas de soins, pas d’avenir. Et maintenant, même nos corps nous trahissent. »
Alors que l’épidémie continue de s’étendre dans les camps de fortune, les appels à l’aide se multiplient. Mais pour les déplacés de Port-au-Prince, la réponse se fait toujours attendre.
Jean Gilles Desinord
Vant Bèf Info (VBI)
Kounyeya nou ka konprann kòlè *ti mesye viv ansanm yo * gen yon men envizib ki sòti anwo k’ap dirijel’ , gade menm lè nou kouri al abrite nou yon kote, kote nou refije yo lot zeprèv nan kò nou pi rèd tankou yonn nan Deplase yo dil’ :* men kounyeya menm pwòp kò yo leve kont yo…* Kounyeya nou ka konprann se yon seri zeprèv n’ap sibi . Zeprèv sa yo n’ap sibi yo se yon seri zeprèv kamik . Se dèt Ayisyen gen konsa sou kont kamik yo y’ap peye …*Car le gardien d’Haïti ne dort ni ne sommeille jamais…*