La fatigue citoyenne : quand la population perd confiance en l’État

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Haïti traverse une crise marquée par une désillusion de sa population envers les institutions étatiques. Ce phénomène, qualifié de fatigue citoyenne, se manifeste par un désengagement progressif des affaires publiques et une augmentation de l’indifférence face aux multiples crises que connaît le pays. Perdue dans la tourmente, la population accorde plus d’importance à sa survie qu’aux devoirs citoyens, jugés inutiles, incapables d’améliorer leurs conditions de vie.

Crédit photo : La Presse.ca

Port-au-Prince, le 26 mars 2025.- La méfiance des Haïtiens envers le système politique atteint un niveau critique. D’après un article du quotidien Le Nouvelliste, une enquête menée en janvier 2024 par Policité, avec le soutien d’Internews, rapporte que 93% des citoyens ne font pas confiance au système électoral.

Seulement 13% des personnes interrogées se disent certaines de voter aux prochaines élections. Par ailleurs, 16% sont susceptibles de le faire, ce qui annonce une participation électorale extrêmement faible.

Cette défiance est renforcée par une compréhension limitée du fonctionnement de l’État. Près de la moitié des personnes interrogées, soit 49,84 %, avouent ne pas comprendre comment fonctionne l’appareil étatique. Selon les chiffres communiqués, seuls 32 % peuvent distinguer la Cour de Cassation du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, ce qui révèle un grave déficit d’éducation civique.

La montée de l’indifférence face aux crises

Les crises, qu’elles soient politiques, économiques ou sécuritaires, ont conduit à une résignation généralisée de la population. La violence des gangs, qui contrôlent environ 85 % de Port-au-Prince selon Miroslav Jenča, chef des opérations de paix de l’ONU pour les Amériques, a paralysé la vie quotidienne.

Des institutions culturelles ont dû fermer ou réduire leurs activités, ce qui illustre clairement l’impact de l’insécurité sur la société civile et la vie communautaire.

Monique Clesca, journaliste et militante, appelle à investir davantage dans la formation et l’équipement de la Police nationale. Elle estime que cela représente une voie durable pour faire face à la crise sécuritaire.

Pour elle, cette position traduit l’opinion d’une majorité de citoyens haïtiens, qui souhaitent une réponse plus efficace et concrète de l’État face à la violence.

Crédit Photo: France 24

Les autorités, déconnectées des réalités du terrain, n’ont pas réussi à rétablir l’ordre.

Le Palais national, symbole de l’autorité de l’État, est pratiquement abandonné. Les dirigeants, quant à eux, se réfugient dans des zones hautement protégées, laissant la population seule face à la terreur des groupes armés.

« C’est la terreur dans toute sa dimension. Port-au-Prince est assiégée », a déclaré Ginette Chérubin, ex-ministre à la Condition féminine et ancienne membre du Conseil électoral provisoire. Elle souligne que les gangs ont changé de stratégie en ciblant désormais les quartiers résidentiels, ce qui accentue le sentiment d’insécurité généralisée.

Loin d’une simple crise de confiance

Outre la méfiance envers le système électoral, l’enquête de Policité révèle que 88,6 % des personnes interrogées jugent mauvaises les modalités d’organisation des élections en Haïti. De plus, 48,9 % disent croire en la démocratie en général, mais pas telle qu’elle est appliquée dans le contexte haïtien actuel.

Ce n’est pas seulement une crise de gouvernance, mais une perte profonde de la foi en l’État lui-même. De plus en plus de citoyens considèrent l’État comme une entité lointaine, absente et complice de leur malheur.

Ils se tournent vers d’autres formes de survie, notamment l’entraide locale, les éseaux informels et l’exil. Ce rejet du système n’est plus passif, il devient une résistance silencieuse.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

Un commentaire

  • Didier Espérance

    1-Pi bon , pi gran elesksyon peyi ta rive konnen yon jou se ta yon elesksyon kote lespri ta desann nan tèt yon moun k’ap fè yon espirityalite ki nan gran dimansyon epi poul’ ta chwazi yon moun metel’ prezidan, sanble se konsa sa ap gen pou fèt yon jou Ayiti, lè sa va gen yon bagay serye k’ap regle * car l’Esprit sonde tout même les profondeurs de Dieu, l’Esprit c’est celui qui sonde les cœurs et les reins…* se lespri ki konn moun ki kapab sitou dirije Ayiti se lespri ki konn sa rele fè bon chwa, se lespri ki konn sa rele lonje dwèt sou moun ki kapab ….

    2-Apa nou komanse sou men nou , palè kraze pa janm rekonstwi se yon siy ki tradwi absans pouvwa leta …☹️☹️

    3-Otorite ki kouri al kache kote ki swadizan bon yo, yo gen pou yo kouri tounen lèsa mwen pa konn kote y’ap fè paske anba pa bon e travay k’ap fèt Ayiti toutafè espirityèl , li poko fini e se yon travay k’ap kontinye fèt sou tout fòm.

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