Avenue Christophe : un bastion du savoir abandonné, l’UEH en péril

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Port-au-Prince, 14 mars 2025 – Autrefois un axe central et animé de la capitale haïtienne, l’avenue Christophe est aujourd’hui un territoire livré à l’insécurité. Ce quartier, symbole de l’effondrement progressif du pays, subit la montée en puissance des gangs armés, contraignant institutions et citoyens à fuir. Parmi les victimes de cette dégradation, l’Université d’État d’Haïti (UEH), pilier du savoir en Haïti, voit ses entités fermer les unes après les autres, nourrissant les inquiétudes quant à l’avenir de l’éducation dans le pays.

Une université mise à rude épreuve

L’UEH, autrefois un phare du savoir en Haïti, traverse une crise sans précédent. Face à l’insécurité croissante, plusieurs de ses facultés, dont la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) et l’INAGHEI, ont dû suspendre leurs activités, tandis que la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) reste occupée depuis plus d’un an. Cette situation met en péril le parcours académique de nombreux étudiants.

« L’idée même de fréquenter le campus est en train de disparaître de notre quotidien », déplore Christie, étudiante à l’INAGHEI. Elle souligne que ce phénomène dépasse l’UEH et reflète la crise globale du système éducatif haïtien.

Un quartier à l’abandon

Autrefois dynamique, l’avenue Christophe s’est transformée en zone sinistrée. Bâtiments délabrés, commerces fermés et tirs sporadiques constituent désormais l’ambiance quotidienne. Le manque d’électricité et l’omniprésence des gangs ont poussé de nombreux habitants à fuir, laissant derrière eux un quartier fantôme.

Face à cette détérioration, l’absence de réponse des autorités alimente un sentiment d’abandon. « Si l’État veut que nous quittions la capitale, il doit  débloquer les routes poir faciliter la circulation », s’indigne une résidente, impuissante face à la mainmise des groupes armés sur son quartier.

L’éducation, un combat pour l’avenir

Malgré l’instabilité, étudiants et enseignants tentent de préserver un espoir fragile. « En moins d’un an, nous avons vécu trois blocages liés à l’insécurité. Mais nous croyons encore en nos rêves, et l’UEH doit se relever », affirme un étudiant de l’IERRA,

aujourd’hui réfugié dans un centre de déplacés après l’incendie de sa maison à Carrefour-Feuilles.

Le chantier de réhabilitation de l’Université, tant souhaité , pourrait offrir une lueur d’espoir, à l’avenue Christophe, mais pour tout un pays qui en chute libre . Mais encore faut-il que les autorités prennent conscience de l’urgence de la situation et agissent en conséquence, avant que ce territoire, comme tant d’autres, ne soit définitivement perdu.

La situation actuelle à l’avenue Christophe illustre la réalité d’une nation à la dérive, où même les symboles de l’État sont contraints à l’exil. L’UEH, autrefois fierté du pays, est  en fuite, cherchant désespérément un terrain d’accueil stable pour continuer à exister.
Bon

 La situation de ce quartier et des entités de l’UEH  appelle à une réflexion plus large sur le devenir de l’éducation supérieure en Haïti.

Jean Gilles Désinord

Vant Bèf Info (VBI)

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