Haïti : l’économie en crise, entre défis et perspectives de relance

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Un petit déjeuner-causerie sur la relance économique haïtienne s’est tenu le jeudi 6 mars 2025 à l’hôtel El Rancho. Organisé par EGM Strategy & Management, l’événement a réuni des représentants du gouvernement, du secteur privé, du corps diplomatique et de la société civile. L’objectif : dresser un état des lieux et explorer des pistes de redressement.

Une économie en chute libre

Port-au-Prince, le 7 mars 2025 – Avec six années consécutives de contraction économique, Haïti peine à se relever. Xavier Michon, représentant du PNUD, a souligné les potentiels inexploités du pays, notamment sa position stratégique et sa proximité avec des marchés internationaux. Il plaide pour un plan de relance axé sur le renforcement institutionnel, l’intégration aux marchés mondiaux et la diversification économique.

Le ministre de l’Économie et des Finances, Alfred Metellus, appelle à une approche collective pour enrayer la récession. Il cite l’exemple de la Bolivie sous Evo Morales, où une politique de stabilité gouvernementale a favorisé la croissance. Pour lui, l’urgence est d’inverser la tendance et d’amorcer une reprise, même modeste.

L’insécurité, principal obstacle à la relance

L’économiste Pierre Marie Boisson met en avant l’impact dévastateur de l’insécurité sur des secteurs clés comme le tourisme. En une décennie, les revenus touristiques ont chuté de 500 millions à 96 millions de dollars, conséquence directe de l’instabilité et de la fermeture de l’aéroport international. Il appelle à des politiques favorisant la production locale et l’investissement, tout en critiquant la surévaluation du taux de change, un frein majeur pour les ménages dépendant des transferts internationaux.

Kesner Pharel insiste sur la croissance démographique incontrôlée comme un facteur aggravant. En 50 ans, la population haïtienne est passée de 5 à 12,5 millions d’habitants. Selon lui, tant que cette réalité ne sera pas prise en compte, l’insécurité restera un problème structurel.

Pour Frantz Duval, rédacteur en chef du Nouvelliste, la question essentielle demeure : peut-on parler de croissance en mars 2025 ? Il estime que l’absence d’un plan concret de sécurisation empêche toute reprise économique viable.

Des perspectives incertaines

Le gouvernement mise sur une réduction de 50 % de l’insécurité et un programme de recapitalisation des entreprises affectées. Mais l’instabilité politique, la dépendance aux importations et l’absence de stratégies à long terme restent des défis majeurs.

Malgré tout, les intervenants s’accordent sur un point : Haïti possède les ressources nécessaires pour se relever. Mais cela passera par des réformes structurelles profondes et une vision économique cohérente et inclusive.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)