L’ONU demande une enquête sur les liens entre influenceurs TikTok et gangs haïtiens
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Un rapport de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (UNODC), publié le 27 février 2025, met en lumière l’influence grandissante des gangs haïtiens sur les réseaux sociaux, en particulier sur TikTok. Selon ce document de 26 pages, plusieurs influenceurs populaires, dont Tatie Mendel, Parolla, Belle-Enfant, Trapalman et Commandant, auraient reçu des cadeaux en direct de Renel Destina, alias Ti Lapli, chef du gang de Gran Ravin. L’ONU exhorte les autorités haïtiennes à enquêter sur ces transactions suspectes, dénonçant l’absence de cadre juridique clair sur la cybercriminalité dans le pays.
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Réseaux sociaux : un outil de propagande et de financement
New York, le 1er mars 2025 – Le rapport souligne comment les gangs haïtiens exploitent TikTok et d’autres plateformes pour soigner leur image, gérer leurs finances et tisser des liens avec des figures influentes. Grâce aux fonctionnalités de paiement en direct, ces groupes criminels peuvent contourner les circuits financiers traditionnels sans crainte d’intervention des autorités.
Lors d’une réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 22 janvier dernier, la directrice exécutive de l’UNODC, Ghada Waly, avait déjà mis en garde contre l’utilisation des réseaux sociaux par les gangs pour le blanchiment d’argent. Elle avait exhorté les autorités haïtiennes à prendre des mesures urgentes afin de réguler ces plateformes et de limiter leur exploitation à des fins criminelles.
Un risque de normalisation de la violence
L’implication présumée d’influenceurs TikTok soulève des préoccupations éthiques majeures. Ces figures publiques, suivies par des milliers d’internautes, jouent un rôle dans la formation de l’opinion et peuvent involontairement contribuer à banaliser la violence. Si des personnalités populaires interagissent avec des chefs de gang en recevant des dons ou en relayant leur discours, cela risque d’ancrer une certaine légitimation de ces groupes criminels au sein de la jeunesse haïtienne.
Un appel à la régulation du numérique en Haïti
L’ONU exhorte le gouvernement haïtien à adopter une politique de cybersécurité efficace, incluant des lois spécifiques pour réguler l’usage des réseaux sociaux par des groupes impliqués dans des activités criminelles. À ce jour, aucune législation ne permet aux autorités de contrôler efficacement ces échanges numériques. En l’absence de mesures concrètes, les gangs continueront à utiliser ces plateformes pour étendre leur influence sans obstacle.
Face à cette menace croissante, l’ONU insiste sur l’urgence d’une action gouvernementale afin d’éviter que TikTok et d’autres réseaux sociaux ne deviennent des outils de financement et de propagande au service du crime organisé en Haïti.
Vant Bèf Info (VBI)