Un peuple sacrifié, des gangs solidaires et des autorités désunies pour des intérêts individuels

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Haïti traverse l’une des crises les plus dramatiques de son histoire. En 2024, plus de 5 600 personnes ont perdu la vie dans des affrontements violents entre gangs, soit une moyenne de 13 meurtres par jour. L’emprise croissante de ces groupes armés, qui contrôlent désormais 85 % de la capitale, a plongé le pays dans une terreur quotidienne. En parallèle, les enlèvements ont explosé, avec 1 494 personnes enlevées cette même année. Ces chiffres, rapportés par les Nations unies, illustrent la souffrance imposée à une population désemparée face à l’incapacité de l’État à rétablir la sécurité.

Port-au-Prince, le 26 février 2025 – Les combats entre gangs rivaux et les attaques contre les forces de sécurité, ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers. Aujourd’hui, plus de 700 000 Haïtiens sont des déplacés internes, dont plus de la moitié sont des enfants. Sans nourriture suffisante, sans eau potable et privées de soins médicaux, ces familles survivent dans des conditions inhumaines.

Un peuple pris au piège

Les enfants, premières victimes de cette violence, sont particulièrement exposés. Le recrutement forcé a augmenté de 70 % en un an, et entre 30 % et 50 % des membres des gangs sont désormais des mineurs. Ces jeunes sont utilisés comme éclaireurs, combattants ou domestiques, tandis que les filles subissent des viols systématiques ou sont contraintes à des mariages forcés. La violence sexuelle envers les enfants a explosé de 1 000 % entre 2023 et 2024, avec les gangs utilisant les corps des jeunes filles comme instruments de guerre, exacerbant les traumatismes déjà profonds.

La fermeture de nombreuses écoles a laissé les enfants particulièrement vulnérables aux violences et aux recrutements forcés.

Un État fantôme face à l’horreur

Le 25 février 2025, l’attaque brutale des gangs dans le quartier de Delmas 30, a révélé l’incapacité totale des autorités à protéger les citoyens. Des membres de la coalition « Viv Ansanm » ont exécuté des civils, forçant des milliers de personnes à fuir dans la panique. Des scènes similaires de terreur ont eu lieu à Tabarre, avec des témoignages de familles brûlées vives par les assaillants.

Le système d’État est totalement paralysé. Tandis que le peuple souffre, l’État reste impuissant. Les autorités sont divisées, préoccupées davantage par leurs luttes internes pour le pouvoir que par le rétablissement de la sécurité.

Les autorités face à leurs luttes internes

Les dirigeants politiques sont plus absorbés par leurs querelles pour le pouvoir que par la crise grandissante. La mésentente au sein du gouvernement a atteint des sommets, particulièrement autour des postes de direction générale, provoquant de vives tensions. La question de la présidence elle-même est devenue un champ de bataille. Les trois Conseillers-présidents, échappant à la justice grâce à leur statut, vivent dans un confort relatif, à l’abri des tribunaux, tandis que le pays sombre dans l’anarchie.

Une intervention internationale inefficace

Face à cette situation désastreuse, l’intervention internationale a semblé tout aussi inefficace. En juin 2024, une force multinationale dirigée par le Kenya a été déployée pour tenter de restaurer l’ordre, mais un manque de financement et de ressources humaines a limité son efficacité. Les gangs, bien organisés et lourdement armés, résistent farouchement, et les efforts internationaux se heurtent à la dure réalité de l’incapacité de l’État haïtien.

L’inaction des autorités, combinée à l’ascension des gangs, enferme la population dans un cercle vicieux de violence et de souffrance. Alors que le peuple haïtien lutte pour sa survie, l’effondrement de la nation semble inévitable si des mesures urgentes et concrètes ne sont pas prises. Le pays est plongé dans un chaos où les gangs règnent en maîtres, les autorités se battent pour des intérêts personnels, et la population reste abandonnée, privée de toute forme de protection.

Vant Bèf Info (VBI)
Belly-Dave Bélizaire

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