Haïti : entre chaos et impunité, la mission des dirigeants questionnée
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Alors que le pays est plongé dans une spirale de violence sans précédent, les dirigeants haïtiens affirment avoir accompli leur mission. Pourtant, la réalité sur le terrain raconte une autre histoire : les armes circulent librement, les gangs dictent leur loi, et l’État semble, par son inaction, alimenter cette descente aux enfers.
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Une insécurité galopante sous le regard passif de l’État
Port-au-Prince, le 22 février 2025 – Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, au moins 5 601 personnes ont été tuées en 2024, marquant une hausse de plus de 1 000 victimes par rapport à l’année précédente. Les enlèvements suivent la même tendance, avec 1 284 cas recensés entre janvier et septembre 2023. Face à ces chiffres alarmants, les autorités, en fin de mandat, persistent à clamer qu’elles ont « rempli leur mission ».
Ports, douanes et institutions : les failles béantes
Des rapports récurrents pointent du doigt le laxisme des ports et des douanes haïtiens. Des conteneurs d’armes franchissent les frontières sans inspection rigoureuse. Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) dénonce des faiblesses structurelles exploitées par des réseaux criminels transfrontaliers. Déjà en 2006, un rapport d’Amnesty International révélait l’utilisation présumée de véhicules officiels – dont des voitures de police – pour transporter des armes vers des quartiers sensibles de la capitale.
Des gangs omniprésents et soupçonnés d’être instrumentalisés
Aujourd’hui, plus de 85 % de Port-au-Prince est sous l’emprise des gangs. Ces groupes, loin d’agir dans l’ombre, organisent des parades armées, imposent des taxes aux populations et défient ouvertement les forces de l’ordre. Des politiciens haïtiens sont sous le coup de sanctions internationales (Canada, États-Unis, République dominicaine) pour avoir, selon des rapports onusiens, financé ou soutenu ces gangs, transformant ces criminels en véritables milices privées.
Des dirigeants satisfaits, un pays à genoux
Alors que les armes continuent d’inonder le pays et que les gangs renforcent leur emprise, les responsables politiques quittent leurs postes avec le sourire. Mais si leur « mission » est accomplie, était-elle vraiment celle de protéger la population ? Ou celle de livrer Haïti à ses bourreaux ? En attendant des réponses, le pays, lui, saigne à huis clos.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)