Démocratie en Haïti : 1986-2025, quelle leçon ?
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De Jean Rony Poito PETIT FRERE
Le 7 février 1986 marque un tournant dans l’histoire politique d’Haïti avec la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier après plus de 29 ans de régime autoritaire. Ce jour-là, un espoir de transition vers un système démocratique et de rétablissement de la souveraineté du peuple haïtien est né. Mais 39 ans plus tard, où en sommes-nous ?
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La période post-Duvalier a été marquée par une série de tentatives de réformes démocratiques, souvent contrariées par l’instabilité politique, la corruption et l’ingérence étrangère. Dès 1990, les premières élections démocratiques ont suscité l’espoir d’un changement, mais les violences politiques et les coups d’État, comme celui de 1991, ont rapidement assombri cette perspective. Depuis, le pays a vu se succéder une série de présidents et de régimes qui, loin de consolider la démocratie, ont souvent contribué à l’enlisement du système politique dans des crises récurrentes.
Entre 1986 et 2025, Haïti a expérimenté une alternance démocratique fragile, caractérisée par des gouvernements incapables de répondre aux besoins fondamentaux de la population et de garantir une véritable stabilité. Bien que certaines avancées aient été réalisées, notamment l’organisation des premières élections libres, l’augmentation de la participation des femmes et des jeunes en politique, la mise en place de certaines institutions constitutionnelles et l’adoption de réformes électorales, la démocratie haïtienne demeure inachevée.
Le principal défi reste l’absence d’un véritable projet national unificateur, souvent noyé sous les intérêts partisans. Les institutions démocratiques, fragilisées par la corruption, la violence politique et l’absence de dialogue véritable, peinent à s’imposer. Les inégalités sociales et la pauvreté exacerbent cette crise, nourrissant un climat de méfiance et de frustration au sein de la population. L’insécurité, l’effondrement des services publics et l’incapacité à mettre en place des politiques économiques inclusives continuent d’éroder le tissu social et de diviser la nation.
L’histoire d’Haïti depuis 1986 nous enseigne qu’une démocratie ne se résume pas à l’organisation d’élections. Elle exige la construction d’institutions fortes, la promotion des droits humains, et la mise en place de réformes économiques et sociales durables. Les leçons à tirer sont claires : la démocratie doit se vivre au quotidien, par la participation active des citoyens, l’accès aux services essentiels et la garantie de l’équité.
À l’aube de 2025, Haïti est confrontée à de nouveaux défis. La situation actuelle semble indiquer que le pays a encore un long chemin à parcourir pour concrétiser pleinement les idéaux démocratiques tant de fois évoqués. La responsabilité incombe non seulement à l’État, mais aussi à chaque Haïtien, à chaque citoyen, afin de bâtir un avenir où la démocratie devienne un véritable levier de progrès et de bien-être collectif. En Haïti, la démocratie reste un projet en construction.