La Fondation Zile appelle à une action urgente face aux conséquences des déportations massives

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La Fondation Zile exprime sa profonde inquiétude concernant les récentes déportations massives en provenance des États-Unis et de la République dominicaine vers Haïti. Depuis octobre 2023, Haïti reçoit chaque semaine plus de 10 000 rapatriés en provenance de la République dominicaine, et ces déportations se poursuivent sans relâche. L’intensification de ces rapatriements par le gouvernement américain met en péril la stabilité sociale, économique et politique des deux pays partageant l’île.

Port-au-Prince, le 5 février 2025- La situation en Haïti est d’ores et déjà critique. La crise humanitaire se renforce jour après jour, notamment à cause des gangs armés contrôlant de nombreuses zones du pays, créant un environnement de violence et de pauvreté extrême.

Les Nations unies ont demandé la suspension des rapatriements forcés, soulignant les conséquences dramatiques de ces mesures sur les populations vulnérables. Malgré ces appels, les déportations se poursuivent, exacerbant les difficultés existantes.

Les principaux impacts des déportations

  1. Aggravation de la crise humanitaire : L’afflux massif de déportés dans un pays déjà fragile ne fait qu’aggraver la situation. Haïti, déjà confrontée à l’insécurité alimentaire et à un manque d’accès aux services de base, peine à fournir un minimum de soutien aux rapatriés.
  2. Réduction des transferts de fonds : La migration haïtienne et dominicaine génère des milliards de dollars annuellement, notamment via les transferts de fonds. Avec le retour forcé de milliers de migrants, ce soutien économique vital diminue, fragilisant encore davantage l’économie locale.
  3. Augmentation de l’instabilité sur l’île : Haïti peine à intégrer les rapatriés, exacerbant l’insécurité et la pauvreté, et créant une pression migratoire accrue sur la République dominicaine.
  4. Tensions bilatérales croissantes : Les déportations génèrent des frictions diplomatiques entre Haïti et la République dominicaine, compliquant les efforts de coopération nécessaires à une gestion efficace de la situation.
  5. Absence de mécanismes d’intégration pour les rapatriés : Sans un programme de réinsertion, les déportés se retrouvent dans des conditions de vulnérabilité extrême, souvent exploités par des réseaux de traite ou recrutés par des gangs armés.

Propositions de solutions à travers un dialogue tripartite

Face à cette crise, la Fondation Zile appelle à une réévaluation des politiques de déportation par les États-Unis et propose un dialogue trilatéral entre les États-Unis, Haïti et la République dominicaine pour trouver des solutions durables..Les propositions de la Fondation sont les suivantes :

  1. Programme pilote de réinsertion des rapatriés : La Fondation propose la mise en place d’un programme d’urgence de deux ans financé par les États-Unis, visant à créer des zones franches à la frontière afin d’offrir des opportunités d’emplois et d’assurer une stabilité économique aux déportés.
  2. Régularisation migratoire : Mettre en place des programmes de régularisation pour les Haïtiens ayant des liens familiaux ou professionnels, ainsi que pour les Dominicains sans papiers dans des zones comme Porto Rico.
  3. Renforcement de la coopération internationale : Renforcer les efforts pour soutenir la stabilité en Haïti et empêcher que les déportations ne conduisent à une nouvelle crise migratoire.
  4. Création de couloirs humanitaires : Faciliter l’accès des déportés aux services de base et à des opportunités d’emplois en Haïti ou dans des pays tiers, tout en protégeant leurs droits humains.
  5. Dialogue intergouvernemental : Impliquer les organisations internationales, telles que l’OEA et l’ONU, pour élaborer des stratégies de développement en Haïti et alléger la pression migratoire, en particulier sur la République dominicaine.
  6. Surveillance des droits humains : Veiller à ce que les déportations et les rapatriements respectent les normes internationales, assurant ainsi la dignité et les droits des migrants.

La Fondation Zile déplore également la décision du Secrétaire d’État américain Marco Rubio de ne pas visiter Haïti, alors même que la situation sur l’île se détériore rapidement.

Il est impératif que le gouvernement américain prenne des mesures concrètes pour aider Haïti à faire face à cette crise humanitaire. La fermeture de programmes d’aide, comme ceux financés par l’USAID, combinée à la réduction de l’assistance à la mission de sécurité internationale dirigée par le Kenya, amplifie les difficultés.

L’absence d’une réponse coordonnée par la communauté internationale ne fait qu’aggraver la situation.

La Fondation Zile appelle donc les États-Unis à exercer leur leadership afin de promouvoir des solutions durables réduisant les flux migratoires, tout en mettant en place des politiques fermes contre le trafic d’armes et la violence qui déstabilisent Haïti.

Mederson ALCINDOR
Vant Bèf Info (VBI)

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