Pourquoi faut-il tuer l’éducation en Haïti ?
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L’éducation est le premier ennemi des oppresseurs. Elle détruit l’illusion, dévoile les stratégies de manipulation et arrache les peuples à l’obscurantisme. C’est pourquoi, en Haïti, elle est la cible première d’une guerre silencieuse mais implacable.
Port-au-Prince, le 3 février 2025.- Les écoles brûlent, les universités sont pillées, les bibliothèques sont réduites en cendres, et l’indifférence des autorités est assourdissante. Il ne s’agit pas d’accidents, mais d’une stratégie délibérée : un peuple ignorant est un peuple malléable, manipulable à souhait. Plus il est dépourvu d’esprit critique, plus il se laisse guider par l’émotion plutôt que par la raison. C’est la recette parfaite pour asseoir un régime de terreur et de soumission.
Ce n’est pas la première fois que l’histoire nous enseigne cette leçon. Hitler l’a appliquée avec ses autodafés : brûlons les livres, et nous écrirons notre propre vérité. Les djihadistes ont fait de même en brûlant les manuscrits de Tombouctou, tentant d’effacer des siècles de savoir pour imposer une pensée unique. Mais l’histoire nous montre aussi que l’éducation peut être une arme de libération. La Finlande, par exemple, a misé sur l’éducation après la Seconde Guerre mondiale pour se reconstruire et devenir aujourd’hui l’un des pays les plus avancés du monde.
En Haïti, la décennie qui s’achève n’a fait que confirmer cette tendance. La paralysie des écoles publiques par des grèves interminables, l’effondrement d’une Université d’État dérivant sans cap, la dévastation des infrastructures scolaires par des gangs armés, tout cela ne relève pas d’un chaos accidentel. C’est un plan soigneusement orchestré, une guerre contre l’intelligence, fomentée par des élites et des autorités qui tirent profit de l’ignorance du peuple.
Un peuple instruit analyse avant d’agir, décortique les discours avant de se laisser entraîner. Un peuple maintenu dans l’obscurantisme réagit avec ses tripes, s’emporte, se divise et finit par se résigner. C’est la recette parfaite pour une domination sans fin.
Face à ce constat glaçant, une question s’impose : allons-nous laisser l’éducation mourir sous nos yeux ? Allons-nous accepter d’être la génération qui aura regardé l’espoir partir en fumée sans réagir ? La seule réponse possible est un sursaut de conscience, un refus catégorique de cette destruction programmée. Réhabiliter l’école, protéger le savoir, encourager l’esprit critique : voilà notre seul chemin vers la liberté.
Parce que si nous laissons l’éducation mourir, alors c’est Haïti elle-même que nous condamnons à l’oubli.
Deslande ARISTILDE
Vant Bèf Info (VBI)