Des policiers haïtiens alertent sur les failles des interventions anti-gangs
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Des policiers haïtiens alertent sur les limites des opérations menées contre les gangs armés, dénonçant un manque de matériels adaptés et une stratégie inefficace. Plusieurs agents estiment que le recours aux véhicules blindés ne permet pas de lutter efficacement contre l’expansion des groupes criminels qui contrôlent plusieurs quartiers de la capitale.
Une stratégie jugée inefficace
Port-au-Prince, mercredi 29 janvier 2025 – Les forces de l’ordre, y compris les policiers haïtiens et la mission multinationale dirigée par le Kenya, privilégient des interventions depuis l’intérieur des blindés, ce que les agents jugent contre-productif.
« Nous ne faisons que repousser les bandits, mais ils reviennent immédiatement », explique un policier de l’Unité départementale de Maintien de l’Ordre (UDMO).
L’absence de lance-grenades, de drones et d’équipements tactiques modernes freine l’efficacité des opérations. Ce déficit a coûté la vie à Mario Jean-Louis, un policier tué en novembre 2024 alors qu’il tentait d’utiliser une grenade lacrymogène pour déloger des gangs.
Un manque criant de moyens humains et matériels
Le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) estime que la Police nationale d’Haïti (PNH) dispose de seulement 1,3 policiers pour 1 000 habitants, un ratio bien en deçà de la norme internationale de 2,2.
Avec 800 policiers kényans déployés, la force internationale peine à contenir la montée de la violence. Plus d’un million de personnes ont déjà fui leurs quartiers, notamment dans des zones comme Kenscoff, où la population se retrouve prise en étau entre les gangs et l’incapacité des forces de sécurité à rétablir l’ordre.
Des solutions insuffisantes face à l’urgence
Face aux critiques, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a annoncé une augmentation des allocations sur les cartes de débit des policiers. Une mesure jugée insuffisante, car sans équipements adaptés, les forces de l’ordre restent vulnérables.
Par ailleurs, les aides américaines, actuellement suspendues, suscitent des inquiétudes. Avec l’accession au pouvoir de Donald Trump, l’avenir du soutien des États-Unis à la PNH demeure incertain, ajoutant une nouvelle pression sur les autorités haïtiennes déjà dépassées par la crise sécuritaire.
« Si rien ne change, c’est tout Port-au-Prince qui tombera », alerte un policier de l’UDMO, appelant à une révision urgente de la stratégie anti-gangs.
Widberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)