Haïti : 15 ans après le séisme, un pays toujours en ruines
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Le 12 janvier 2010, à 16 h 53, un tremblement de terre d’une magnitude de 7,3 a secoué Haïti. Quinze ans plus tard, les stigmates de cette catastrophe demeurent. Les conditions de vie des Haïtiens se sont souvent détériorées, et l’insécurité galopante freine toute tentative de reconstruction et de développement.
Port-au-Prince, le 12 janvier 2025._Les traces du séisme sont omniprésentes, tant physiquement que psychologiquement. À Port-au-Prince, les ruines de nombreuses maisons restent intactes, témoins d’une tragédie dont le pays peine à se relever. La Grand’Rue, au cœur de la capitale, conserve les vestiges de bâtiments effondrés sous lesquels des familles ont vécu et parfois péri.
Des camps de déplacés érigés après le séisme se sont transformés en bidonvilles permanents. Les logements temporaires sont devenus des habitations fixes, faute de solutions durables promises par les autorités. Depuis quelques années, ces camps accueillent également des personnes fuyant les violences des gangs armés, aggravant une situation déjà critique.
Une société marquée par le traumatisme
Sur le plan humain, les blessures sont profondes. Des milliers de familles endeuillées peinent à tourner la page. De nombreuses personnes handicapées à la suite de cette catastrophe restent exclues d’une société qui ne dispose pas de structures adaptées à leurs besoins. La santé mentale, pourtant cruciale après un tel choc, est négligée dans un pays où l’accès aux soins reste limité.
Reconstruction : un échec cuisant
Les efforts de reconstruction se sont révélés insuffisants. Alors que les autorités avaient promis une réhabilitation rapide, les infrastructures publiques majeures, comme le Palais National, n’ont toujours pas été reconstruites. Les Haïtiens, livrés à eux-mêmes, ont dû rebâtir leurs habitations dans l’urgence, souvent sans respecter les normes de sécurité.
Cette urbanisation anarchique a amplifié la vulnérabilité de la population face aux catastrophes naturelles récurrentes. Parallèlement, l’insécurité n’a cessé de croître. Si, en 2010, les gangs sévissaient principalement dans des quartiers spécifiques comme Cité-Soleil ou La Saline, aujourd’hui, on recense entre 200 et 300 groupes armés contrôlant plus de 85 % de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
La violence des gangs : un nouveau fléau
À l’origine soutenus par des élites politiques et économiques, les gangs se sont progressivement autonomisés. Désormais, ils tirent leurs revenus d’activités criminelles : enlèvements, extorsions et péages imposés sur les routes. La violence qu’ils infligent à la population aggrave la détresse des survivants du séisme.
Quinze ans après la catastrophe, Port-au-Prince reste en ruines. Mais aujourd’hui, ce ne sont plus les séquelles du séisme qui effraient, ce sont les gangs. Pillages, incendies, attaques et meurtres rythment désormais la vie des habitants d’une capitale meurtrie.
Yves Manuel
Vant Bèf Info ( VBI)