Les enfants du séisme : une génération marquée à jamais
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Le 12 janvier 2010 reste une date gravée dans la mémoire collective des Haïtiens. Ce jour-là, un séisme dévastateur a frappé Haïti, faisant plus de 220 000 morts, 300 000 blessés et laissant 1,5 million de personnes sans abri. Parmi les victimes, 750 000 enfants ont été directement touchés, selon l’UNICEF. Aujourd’hui, ceux qui étaient des enfants à l’époque sont devenus des jeunes adultes, mais les blessures, visibles ou invisibles, restent ouvertes.
Des souvenirs encore vifs
Carlo avait 10 ans lorsque le tremblement de terre a bouleversé sa vie. Aujourd’hui étudiant en génie civil, il raconte que cette tragédie a façonné son avenir.
« Jusqu’à aujourd’hui, je n’arrive pas à surmonter les mauvais souvenirs de cette catastrophe. C’est un événement que je devrai raconter à mes enfants et petits-enfants », confie-t-il.
Loin de le briser, cette tragédie lui a donné une raison de se battre.
« Si je poursuis mon rêve de devenir ingénieur civil, c’est parce que le séisme m’a motivé. Il m’a fait comprendre l’importance de construire des infrastructures plus sûres pour protéger notre peuple », ajoute-t-il.
Pour Anne-Marie, la douleur est plus profonde. En 5e année fondamentale au moment du séisme, elle a perdu sa mère et son petit frère. Aujourd’hui infirmière, elle considère cet événement comme un tournant historique.
« Le 12 janvier 2010 est une date que ma génération ne pourra jamais oublier. Tout comme le 1er janvier 1804, cette date doit être transmise aux générations futures », déclare-t-elle avec émotion.
Des blessures invisibles
Pour ces jeunes, le séisme n’a pas seulement détruit des bâtiments, il a aussi laissé des séquelles psychologiques. Les images des corps sous les décombres, des campements improvisés et des familles séparées continuent de hanter les souvenirs.
« Malgré les horribles expériences vécues dans les camps ou dans la rue, je ne peux pas effacer cette page de ma vie. Je vis avec, c’est tout », confie Anne-Marie.
Dans les centres d’accueil et les écoles, les récits similaires se multiplient. Chaque enfant porte une histoire marquée par le séisme, et tous aspirent à un avenir plus stable et sécurisé.
Une génération toujours vulnérable
Si le séisme a été un traumatisme fondateur, la situation des enfants d’Haïti reste précaire. Aujourd’hui encore, les jeunes sont confrontés à des violences quotidiennes, des kidnappings et des violations graves de leurs droits.
Des enfants sont recrutés par des groupes armés, soumis à des violences sexuelles ou utilisés dans des conflits urbains. Les hôpitaux et écoles, déjà fragilisés par le séisme, sont régulièrement ciblés ou utilisés à des fins militaires.
Les experts craignent que l’impact à long terme sur la santé mentale et physique de ces enfants soit encore plus dévastateur si des mesures de soutien adéquates ne sont pas mises en place rapidement.
Les enfants du séisme, une génération marquée par la catastrophe, continuent de vaciller sous le poids des épreuves. Pourtant, leur résilience témoigne d’une volonté de bâtir un avenir plus sûr, où ils ne seront plus victimes, mais acteurs de leur propre destin.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)