Noël sans éclat à Port-au-Prince : l’insécurité prive les enfants de leur innocence
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Alors que le monde célèbre la paix et la joie de Noël, à Port-au-Prince, capitale d’Haïti, la fête a perdu son sens pour de nombreux enfants. L’insécurité galopante a remplacé les rires et les jeux par une atmosphère de peur et de repli.
Port-au-Prince, le 26 décembre 2024 – Autrefois animé, le Champ de Mars, cœur battant des festivités de Noël, est désormais déserté. Ce lieu emblématique, où se croisaient, jadis, familles et amis, est aujourd’hui figé, symbole d’une capitale paralysée par la violence des gangs. Christopher, 9 ans, confie depuis sa chambre à Turgeau : « Je ne vais pas dehors, maman a peur pour moi. C’est trop dangereux. » Dans ce décor, la sobriété des décorations de Noël contraste cruellement avec les souvenirs d’effervescence des années passées.
Pour de nombreuses familles, Noël n’est plus synonyme de cadeaux ou de réjouissances. « Je n’ai même pas pensé à acheter un cadeau cette année. Ce n’est pas le moment de célébrer quand les enfants sont menacés à chaque coin de rue », explique une mère, épuisée par l’angoisse. Elle ajoute, les larmes aux yeux : « Mes enfants ne demandent pas de jouets, ils veulent juste pouvoir sortir, courir sans peur. Mais ce n’est pas possible. »
L’omniprésence des gangs armés, qui contrôlent de vastes zones de la capitale, transforme chaque rue en un territoire de danger. Loin des écoles et des terrains de jeu, les enfants vivent reclus, exposés à des traumatismes qui compromettent leur bien-être physique et mental. Cette situation alarmante menace d’enlever à une génération entière son droit à un avenir prometteur.
Pourtant, l’UNICEF rappelle que les droits des enfants à la sécurité, à l’éducation et à une vie digne sont fondamentaux. Mais à Port-au-Prince, ces principes semblent relégués au second plan. « Noël ne veut plus rien dire quand nos enfants vivent dans la peur. Comment espérer leur offrir un avenir quand leur présent est si incertain ? », s’interroge un père, désespéré.
Alors que Noël devrait être un moment d’espoir et de solidarité, les enfants de Port-au-Prince n’ont d’autre choix que de rêver à des jours meilleurs, où la paix et la liberté remplaceront les tirs et les sirènes. Leur réalité, aujourd’hui, est celle d’un cri silencieux adressé à une communauté internationale indifférente.
Plus que jamais, cette période festive doit rappeler à tous l’urgence de protéger les enfants, premières victimes d’une crise qu’ils n’ont pas choisie. Noël, dans ce contexte, ne peut rester qu’une simple célébration : il doit être un appel à l’action.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)