Carrefour : Une commune sous le joug des gangs
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Jadis, havre de paix et lieu de vie familiale, la commune de Carrefour, est aujourd’hui un territoire sous le contrôle absolu des gangs armés. Loin des regards des autorités, cette localité vit au rythme de l’anarchie et de la terreur.
Carrefour, mardi 24 décembre 2024
Une commune sous occupation
Des zones stratégiques telles que Martissant, Fontamara, Mariani, Merger jusqu’à Gressier, ne répondent plus aux lois de la République. Dans ces quartiers, la présence policière est inexistante, et les habitants sont abandonnés à leur sort. Ici il n’y a plus d’État, les gangs font la loi confie une source locale à Vant Bèf Info.
La méfiance est omniprésente. Toute personne vivant dans ces zones est automatiquement suspectée de collaboration avec les groupes armés. Une suspicion qui ne fait qu’ajouter à l’atmosphère oppressante d’une vie quotidienne dominée par l’incertitude et la peur.
Des institutions paralysées ou compromises
Malgré le chaos ambiant, certaines institutions publiques continuent de fonctionner. La mairie, la DGI, et quelques écoles tentent tant bien que mal de garder leurs portes ouvertes. Cependant, des symboles d’autorité tels que le commissariat de Carrefour, connu sous le nom de Omega ou encore le sous-commissariat de Saint-Charles, sont aujourd’hui à l’abandon. Les agents de police ont déserté ces postes, incapables de faire face à la menace des gangs.
L’économie sous le joug de l’extorsion
Les gangs contrôlent également l’économie locale, imposant leur domination sur chaque transaction. À Titus, par exemple les conducteurs de motos doivent payer une taxe illégale pour transporter des passagers. Les commerçants, quant à eux subissent une extorsion quotidienne, qu’ils aient vendu ou non.
Près du centre sportif de Carrefour, les bandits vendent des emplacements aux marchands et imposent une redevance mensuelle en plus des prélèvements quotidiens, révèle un habitant. Les points de collecte illégaux sont omniprésents, et nul ne peut échapper à cette machine d’extorsion.
Une vie sous surveillance des gangs
La circulation dans la commune est également sous contrôle. Les véhicules souvent volés ou sans immatriculation, servent aux activités criminelles. Des zones comme Bizoton, Côte-Plage, ou encore Lamentin sont devenues des bastions imprenables des gangs. Les axes stratégiques tels qu’Arcachon 32 ou Lamentin 54 ne sont plus accessibles sans l’autorisation tacite des chefs criminels.
Une population résignée
Dans certains quartiers, les habitants cohabitent avec les criminels, faute de choix. Les bandits circulent librement, armés, au vu et au su de tout le monde, déplore une source. Les citoyens, pris entre la peur et la survie, s’adaptent à cette nouvelle réalité.
Même les routes principales comme Wout Ray et Pwent 16 sont sous la domination des gangs. Ces derniers contrôlent les entrées et sorties, renforçant l’emprise sur une population acculée et sans espoir d’assistance.
Un chef de gang comme autorité suprême
Selon des témoignages concordants, un chef de gang surnommé Krisla serait l’homme fort de la commune. Il dicte sa loi et contrôle tous les aspects de la vie locale de l’économie à la sécurité.
Un appel à l’aide
Carrefour incarne l’effondrement de l’État haïtien, où l’absence des autorités a laissé place à une gouvernance criminelle. Les habitants, livrés à eux-mêmes, espèrent encore une intervention salvatrice, bien que l’espoir s’amenuise chaque jour.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)