États-Unis: La Réserve fédérale annonce une nouvelle baisse des taux, mais la prudence s’impose
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La Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé mercredi son taux directeur pour la troisième fois consécutive, réduisant celui-ci d’un quart de point de pourcentage à une fourchette de 4,25-4,50 %. Bien que cette décision ait été largement anticipée par les marchés, la prudence affichée par la Fed a refroidi les investisseurs, entraînant une chute des indices boursiers.
Le Comité de politique monétaire (FOMC) n’a pas voté à l’unanimité. Beth Hammack, l’une des gouverneures, s’est opposée à cette nouvelle baisse, estimant qu’elle n’était pas nécessaire dans le contexte actuel de l’inflation.
La banque centrale a, par ailleurs, ajusté ses projections économiques. Elle prévoit désormais deux baisses de taux d’un quart de point chacune en 2025, contre quatre initialement prévues. En revanche, ses prévisions d’inflation pour 2024 ont été revues à la hausse, passant de 2,1 % à 2,5 %.
L’inflation, un défi persistant
Lors de sa conférence de presse, Jerome Powell, président de la Fed, a admis que l’inflation avait diminué au cours des deux dernières années, mais qu’elle restait « relativement élevée » par rapport à l’objectif à long terme de 2 %.
Powell a aussi affirmé que la banque centrale est « très proche » de son taux neutre, un niveau où l’économie n’est ni stimulée ni freinée par les taux d’intérêt. Malgré tout, l’objectif d’une inflation à 2 % ne devrait pas être atteint avant fin 2026, selon les estimations de la Fed.
Les marchés financiers réagissent
Ces annonces ont surpris Wall Street. Les trois principaux indices boursiers ont enregistré de fortes pertes :
Dow Jones : -2,58 %
Nasdaq : -3,56 %
S&P 500 : -2,95 %
L’incertitude concernant la trajectoire future des taux d’intérêt a pesé sur les marchés, déjà fragilisés par les ajustements économiques récents.
Un équilibre délicat
La Fed a mené une politique agressive de hausse des taux ces deux dernières années pour freiner l’inflation. Ce resserrement a permis de ralentir la hausse des prix tout en soutenant le marché de l’emploi, avec un taux de chômage qui devrait se stabiliser à 4,3 % d’ici fin 2024.
Des taux élevés limitent l’accès au crédit et freinent la consommation, réduisant ainsi la pression sur les prix. À l’inverse, des taux bas stimulent l’investissement et la demande, favorisant l’activité économique.
En novembre, l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré une hausse annuelle de 2,7 %. Le PCE, un autre indicateur clé de l’inflation suivi par la Fed, sera publié le 20 décembre.
Enjeux économiques et politiques
Cette décision de la Fed intervient à un moment charnière. Donald Trump, qui prendra ses fonctions en janvier, promet une politique économique protectionniste, marquée par une hausse des droits de douane et une expulsion massive de travailleurs sans papiers.
Ces mesures pourraient peser sur l’inflation et prolonger la période de taux d’intérêt élevés. Une enquête menée auprès de 500 entreprises américaines révèle que 82 % d’entre elles envisageraient d’augmenter leurs prix en cas de nouvelles taxes douanières.
Trump a déjà annoncé des droits de douane de 25 % contre le Canada et le Mexique, une décision qui pourrait faire grimper les prix à la consommation.
Alors que la Fed tente de trouver un équilibre entre contrôle de l’inflation et soutien à l’économie, les incertitudes liées à la nouvelle administration et aux conditions économiques mondiales pourraient complexifier sa tâche. Les mois à venir seront déterminants pour l’économie américaine et ses partenaires commerciaux.
Yves Manuel
Vant Bèf Info
Source FED